Jérôme Sannac est bien placé pour comprendre les besoins des hôtels et restaurants en matière d’achats et d’énergie. En tant que directeur de la Cadhi (groupe Majorian), centrale d’achats comptant 3 000 adhérents, il a vu les demandes “exploser” ces trois dernières années concernant les dépenses d’électricité et de gaz. Nous avons référencé notre premier fournisseur en 2013, puis en 2018 nous avons diversifié notre offre, avant de nous tourner vers des courtiers qui, eux, mettent une dizaine de fournisseurs en concurrence. Mais jusqu’en 2020, peu d’adhérents faisaient appel à nous pour leur contrat d’énergie, pour une raison simple : le montant de leurs factures était très bas. Depuis 2020, nous recevons des appels chaque jour”, explique le dirigeant.
Et pour cause, les prix du gaz et de l’énergie se sont envolés à des niveaux jamais vus au lendemain de la pandémie de Covid, une situation qui s’est aggravée en 2022 suite à la guerre en Ukraine et aux tensions géopolitiques .
Les contrats d’énergie, signés pour trois ans, arrivant à échéance, l’hôtelier ou le restaurateur recevait une nouvelle offre de son fournisseur “multipliée par 3, 5 ou 10” par rapport à son contrat précédent. “Suite aux appels en nombre de nos adhérents, nous avons commencé à faire des appels d’offres et à ouvrir ce que nous appelons des bulles de renégociation. Parfois, plus de 200 adhérents rentraient dans cette bulle. Grâce à ce volume, nous avons pu obtenir des conditions d’achat correctes, même si elles étaient supérieures aux précédentes.”
Des éco-gestes simples mais indispensables
Aujourd’hui, le prix de l’énergie est au plus bas depuis deux ans, mais l’État a relevé les taxes en février dernier. “Les dépenses énergétiques représentent désormais 15 % du budget global d’un établissement, ce qui est énorme”, constate Jérôme Sannac.
Rappelant que “l’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas”, le dirigeant insiste sur un ensemble d’éco-gestes et de précautions à prendre afin de faire baisser sa facture.
- Procéder au diagnostic énergétique de son établissement, un “préalable indispensable” pour mesurer puis réduire sa consommation.
- Maintenir les températures à 19° C notamment dans les espaces communs, car hôtels sont souvent surchauffés.
- Installer des détecteurs de fenêtres ouvertes et des coupe-circuits intégrés à la clé de chambre. “Il y a un coût mais cela devient indispensable lors d’une rénovation.”
- Bien régler, ou faire vérifier, la puissance de la VMC. Si elle est mal paramétrée, elle peut pomper toute la chaleur de l’établissement, donc le refroidir.
- Procéder au relamping des établissements. “Il existe encore des ampoules incandescentes ou halogènes chez certains indépendants”, alerte le dirigeant.
- Utiliser des équipements moins énergivores (fourneaux, chambres froides…) sans oublier de baisser la capacité du compteur si la puissance souscrite n’est plus nécessaire après rénovation. “Les exploitants ne le font pas car ils n’y pensent jamais, pourtant l’économie est significative !”
- Se tourner vers de nouvelles sources d’énergie : “Il faut absolument y songer lors du remplacement des chaudières au fioul par exemple : il existe aujourd’hui d’autres énergies plus responsables et économiques.”
- Se méfier absolument du démarchage téléphonique concernant la rénovation énergétique ou l’installation de panneaux solaires. Trois devis au minimum restent une règle intangible, tout comme s’adresser à des centrales d’achats ou des fournisseurs nationaux qui ont pignon sur rue.
- Anticiper le plus possible pour prendre le temps de comparer ce qui est comparable.
- Sensibiliser les clients dès la réception et dans les chambres, avec différents supports de communication. “La nouvelle génération est plus regardante sur les efforts à faire pour moins gaspiller, ainsi que sur aux labels éco-responsables.”
Grâce à l’expertise acquise dans l’hôtellerie-restauration, la Cadhi souhaite désormais se tourner vers d’autres secteurs d’activités “car l’énergie touche tous les univers : la boulangerie, la restauration rapide, les traiteurs, les écoles hôtelières... Notre ambition est de compter 7 000 adhérents en 2027, soit 1 000 nouveaux par an dans les trois prochaines années”, confie Jérôme Sannac.
Publié par Roselyne DOUILLET