À 75 ans, Régis Arnoux conserve autant de malice que de force dans un regard bleu azur. Ce fils de notable, dont l'aïeul aurait inventé la formule du savon de Marseille, vient une fois par semaine à Paris. Le directeur de CIS Catering reçoit au Fouquet's (VIIIe) où il conte bien volontiers les épisodes d'une vie hors du commun. "Après des études de droit, je me suis retrouvé à 27 ans sur le chantier de construction de la base spatiale de Kourou, en Guyane, où travaillaient 600 personnes. Les pays 'neufs' m'attiraient. J'étais responsable des restaurants du personnel pour le compte de la SHRM [Service d'hôtellerie, de restauration et de management, passée sous le contrôle du Britannique Compass en 1998, NDLR]. Les conflits explosaient toujours lors des repas. L'ambiance était carcérale. Il y avait parfois des morts", se souvient l'entrepreneur qui ajoute que, lorsque l'on venait le chercher quand les employés du chantier menaçaient de tout casser, il s'adressait directement au caïd et opposait alors, avec une certaine espièglerie, détermination et bonnes manières à la brutalité et aux menaces de Colombiens tatoués de la tête au pied. "Les seules fois où j'ai craint pour ma vie, c'est lors de pilotage d'aéronefs, une de mes passions avec l'équitation. Mais il est arrivé que l'on me demande une augmentation en braquant un fusil sur moi", s'amuse, presque avec nostalgie, le septuagénaire.
CIS recrute chaque année une cinquantaine de Français
Mais outre le charme de son dirigeant, CIS Catering est surtout une entreprise florissante qui fêtait, en novembre dernier, son vingtième anniversaire. "Nous employons 12 200 collaborateurs dans le monde, dont 98 % de locaux. Nous sommes présents dans quarante pays où nous donnons du confort là où il n'y en a pas. Nous avons réalisé plus de 300 M€ de chiffre d'affaire en 2012. Le secteur minier est très dynamique et nous accompagnons des géants comme Rio Tinto sur leurs chantiers du bout du monde en prenant en charge les bases-vies, les lieux où se restaurent et se reposent les travailleurs", s'enthousiasme Régis Arnoux qui affirme employer plus de 300 Français : "Ce sont pour les deux tiers des collaborateurs masculins, car les chantiers sont des lieux isolés au milieu d'hommes. Nous avons des femmes dans nos équipes mais jamais dans les pays musulmans. Les expatriés occupent des postes d'encadrement : intendant ou 'Camp boss' et chef de cuisine pour l'essentiel. Ils ont un profil hôtelier avec une expérience acquise dans un pays émergent. Ils sont bilingues, solides et n'ont pas de casier judiciaire. Ceux qui nous ont rejoints sont fidèles à l'entreprise, souvent depuis plus de 20 ans. Les salaires varient en fonction du pays et de la taille de nos activités ; ils sont majorés d'un variable sur objectif qui peut représenter deux ou trois mois de salaire", argumente régis Arnoux qui confesse tout de même des salaires entre 12 000 et 20 000 € par mois pour un responsable de pays qui gérera les équipes sur place mais fera aussi du développement commercial. Un opérationnel sur une base-vie, comme un intendant ou un chef de cuisine, pourra escompter un salaire avoisinant les 8 000 € par mois selon les responsabilités.
Publié par Francois PONT