Manger dans la rue n'a rien de nouveau. C'est une pratique universelle et ancestrale. Toutefois, l'engouement actuel pour les food truck et autres cantines éphémères, en plein air, remet la 'street food' au goût du jour. Et cette cuisine de rue ne suscite pas seulement la curiosité et l'intérêt des chefs. Car nos comportements évoluent. Les façons de nous alimenter aussi. Et cela a des retombées sur la manière de nous loger, d'appréhender la ville, ses bars, ses restaurants. "Comment nourrir et se nourrir dans la densité infinie de nos cités et comment faire pour que ces moments soient facteurs de sociabilité ?"
Tel a été le libellé de la 5e édition du concours Minimaousse, lancé à l'automne 2012 auprès des étudiants des écoles françaises d'architecture, de design, d'art, d'ingénieur et de paysage. Sur les 400 dossiers reçus, 30 projets seulement ont été sélectionnés. Ils sont présentés et mis en scène, sous la forme de 5 prototypes - ceux des 5 lauréats - et 25 maquettes, à la Cité de l'architecture et du patrimoine, jusqu'au 2 décembre. Une exposition intitulée Ma cantine en ville et menée en partenariat avec le VIA (valorisation de l'innovation dans l'ameublement), l'école supérieure du bois de Nantes (44) et Quick.
L'art de servir la soupe
L'expo propose de découvrir chaque projet selon leur typologie : porteur, cyclo, chariot, moto, camion, kiosque. Avec des focus sur la façon dont les aliments sont transportés, transformés, distribués et consommés. Parallèlement, on se laisse surprendre par un panorama mondial, en photos et dans 140 villes des pratiques actuelles liées à la restauration de rue : de New York à Hanoï, de Berlin à Bamako, de Londres à Bordeaux… Parmi les lauréats, le projet Ramène ton bol de Célia Derijard, Clémence Rouge et Yvonne Fandke, toutes élèves à l'école Boulle, revisite la façon de concocter et servir les soupes 'à l'ancienne'. "Préparées avec les légumes du marché, les recettes prennent vie pour proposer des soupes en hiver et des gaspachos en été", expliquent les étudiantes. Avec un système d'échanges : "Au marché, les cuisiniers aident au montage des étals et récupèrent en contrepartie des cagettes de légumes qui serviront à la préparation des soupes."
Citons aussi le projet Kitch'n Lib, également lauréat d'un prix spécial décerné par Quick : imaginé par Clarisse Paravey et Jules McGannon, tous deux élèves à l'Esam Design (école supérieure des arts modernes). À Paris, ce concept fonctionne comme une pièce en plus. Kitch'n Lib se déploie selon le nombre de personnes envisagées : les tables et banquettes conçues en accordéon se déplient sous l'extension d'un auvent. Enfin, cette expo, qui a pour invité le Bénin, fait l'objet d'un catalogue intitulé Ma cantine en ville, voyage au coeur de la cuisine de rue (coédition la Cité de l'architecture & du patrimoine et les Editions Alternatives). Cet ouvrage réunit la matière iconographique qui a servi à l'expo : à savoir les 30 projets, complétés par 700 photos et croquis.
Publié par Anne EVEILLARD