Selon l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), le secteur touristique générerait 11 % des émissions totales de gaz à effet de serre, dont un huitième directement imputable à l'hôtellerie et à la restauration. Actuellement, seules les entreprises de plus de 500 salariés ont l'obligation légale de réaliser un bilan carbone. Mais l’étau législatif se resserre peu à peu : dès 2024, cette obligation devrait s’appliquer à toutes les entreprises de plus de 250 salariés. L’affichage environnemental, quant à lui, pourrait devenir obligatoire à l’horizon 2026, selon l’étude ‘L’industrie hôtelière française en 2022’ de KPMG.
Au-delà de l’aspect législatif, une telle démarche s’avère bénéfique à plusieurs niveaux. Les jeunes générations apprécient de travailler pour des enseignes engagées. La clientèle se montre de plus en plus exigeante sur ce chapitre : “D’après des études publiées par l’IFOP en 2021, 74 % des Français citent au moins un critère RSE comme critère de choix d’un établissement CHR et 44 % se déclarent prêts à payer plus cher leur séjour afin de voyager de manière responsable et respectueuse de l’environnement”, précise Ava Moddabber, country manager France pour ECO-ONE (conseil et accompagnement en durabilité dans le secteur hôtelier). D’un point de vue économique, “la transition énergétique et environnementale devient essentielle au marché de l'hôtellerie pour gagner en rentabilité à moyen et long termes”, poursuit-elle. Enfin, “le nouveau classement hôtelier, réalisé par Atout France, intègre deux fois plus de critères liés au développement durable, et quatre fois plus de critères obligatoires sur cette thématique. Donc afin de pouvoir conserver ou obtenir des étoiles, les hôtels doivent intégrer une approche plus respectueuse de l’environnement”.
Calculer son empreinte carbone
L’empreinte carbone consiste à mesurer le total des gaz à effet de serre que l’hôtel émet du fait de son activité. Autrement dit, c’est “le moyen de mesurer la quantité de pollution d’un hôtel exprimée en tonnes de CO2”, note Ava Moddabber. Comment s’y prendre ? “Les émissions directes, générées par l’hôtel lui-même, sont celles liées aux combustibles fossiles dans des équipements et installations fixes (chaudières, fours, générateurs…), celles provenant de l’utilisation de gaz fluorés (climatisation, chambres froides, tours de refroidissement), la consommation de carburant dans les éléments de transport appartenant à l’hôtel (transport de marchandises ou de clients, travaux d’entretien, blanchisserie), ainsi que la consommation électrique, explique l’experte. La mesure des émissions indirectes, elle, est facultative. Il s’agit de la gestion des déchets générés dans l’hôtel, de l’achat de matières premières, de la consommation d’eau, ou encore des déplacements des employés entre leur domicile et leur lieu de travail.”
Plusieurs sociétés (ECO-ONE ou Majorian, par exemple) mettent à disposition des hôteliers des outils pour calculer leur empreinte carbone, et proposent également des accompagnements sur mesure. Mais nombre de pistes peuvent d’ores et déjà être explorées afin de réduire son impact environnemental.
Gagner en efficacité énergétique
- Choisir des équipements économes en énergie (classe énergétique A) ;
- Remplacer les ampoules par des LED ;
- Installer des détecteurs de présence dans les espaces communs ;
- Installer un système de serrures à carte permettant de couper l'électricité automatiquement lorsque les chambres sont inoccupées ;
- Revoir les températures de consigne pour les espaces occupés et inoccupés ;
- Installer un système de récupération de chaleur ;
- Revoir l’isolation des bâtiments ;
- Passer à 100 % d’énergie verte.
Mieux gérer l’eau
- Installer des aérateurs dans les pommeaux de douches et les robinets ;
- Installer des toilettes à double débit ;
- Opter pour des draps et serviettes de grammage inférieur ;
- Adapter les quantités de linge mis à disposition dans les chambres selon le nombre d’occupants ;
- Récupérer l'eau de pluie pour l’arrosage des espaces verts.
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Limiter les déchets
- Éviter les produits jetables ;
- Proposer de l'eau en bouteille consignée ou en fontaine ;
- Remplacer les produits mono-dose par des distributeurs (savon et shampoing) ;
- Mettre en place des poubelles de tri sélectif, afin d’optimiser la gestion des déchets.
Agir en cuisine
- Privilégier les produits bio, locaux et de saison ;
- Développer les plats végétariens au menu ;
- Eviter les emballages individuels (confitures, thé), et favoriser le vrac ou les formats familiaux ;
- Remplacer les buffets à volonté par des menus à la carte.
Sensibiliser les clients et le personnel
- Mettre en place des messages pour sensibiliser la clientèle (notamment sur la réutilisation des serviettes) ;
- Former le personnel aux bonnes pratiques ;
- Encourager la mobilité douce (vélo, marche, transport en commun).
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Publié par Violaine BRISSART