Dark kitchen - dark store

La Commission interministérielle d'enrichissement de la langue française, s’est prononcée pour traduire "dark kitchen" par "restaurant tout en ligne". Cet avis paru au Journal Officiel le 1er juillet, s'impose désormais aux agents publics lors de la rédaction de textes administratifs. Une dénomination que l’Umih déplore car ces dark kitchen n’ont rien en commun avec un restaurant.

Publié le 01 août 2023 à 17:05

Dans un communiqué, l’Umih tient à exprimer sa vive préoccupation et sa ferme opposition à cette traduction, qui lui semble inadéquate mais également nuisible à l'image et à la définition de notre métier.

Pour l’organisation professionnelle les "dark kitchen" représentent un modèle d'affaires radicalement différent de celui des restaurants. La traduction "restaurant tout en ligne" crée une confusion inutile avec le restaurant traditionnel et induit le consommateur en erreur en lui laissant penser qu’il bénéficiera d’une expérience comparable à celle d’un restaurant.

En tant que première organisation professionnelle du secteur, l’Umih regrette vivement que la profession n’ait pas été consultée avant cette décision et publication. En effet, cette annonce survient à un moment où nos professionnels sévèrement touchés par une succession de crises (Covid-19, réformes des retraites, émeutes, changement climatique, coût de l'énergie, etc.), sont engagés dans un processus de redressement, en mettant en avant leurs qualités et spécificités autour du mot "restaurant".

L’adaptation de notre langue aux évolutions des pratiques de notre société doit se faire de manière réfléchie, avec le souci de préserver la spécificité à notre domaine d’activité. C'est pourquoi, l’Umih a demandé à Rima Abdul Malak, ministre de la Culture et à Olivia Grégoire, ministre du Tourisme, d’intervenir pour qu’un nouvel avis propose une traduction plus en phase avec la réalité.

L’Umih reste vigilante pour que les évolutions nécessaires de notre langue ne véhiculent pas des choix culturels économiques et sociaux qui sont contraires aux intérêts de notre profession et de nos clients.

Des cuisines dédiées à la vente en ligne pour le Gouvernement ou des entrepôts pour le Conseil d’État

On peut d’autant plus s’étonner de la dénomination retenue que la situation juridique des "dark kitchen" avait fait l’objet d’une définition du Conseil d’État et du pouvoir réglementaire. En juin 2022, la mairie de Paris reprochait aux sociétés Frichti et Gorillas, de ne pas avoir déposer de déclaration pour utiliser comme "dark store" des locaux qui étaient à l’origine des commerces traditionnels. Modification à laquelle pouvait s’opposer la mairie. Le Conseil d’État, dans une décision du 23 mars 2023, a jugé que les "darks stores" constituent des entrepôts au sens de la réglementation en vigueur. Ces locaux stockent des marchandises pour livrer rapidement des clients et ne sont plus destinés à la vente directe au sens du code de l’urbanisme. Activité qui correspond bien à la catégorie entrepôts, tant au regard de l’urbanisme que de celui du plan local d’urbanisme (PLU) de Paris, a conclu le Conseil d’État.

Quelques jours plus tard, le Gouvernement a publié deux textes, un arrêt et un décret au Journal Officiel du 24 mars pour préciser la manière dont les plans locaux d’urbanisme peuvent encadrer la création de "dark kitchen" ou de "dark store". La "dark kitchen" peut relever de la sous-destination "cuisine dédiée à la vente en ligne" lorsque qu’elle correspond à la définition de l’arrêté du 22 mars 2023, à savoir "les constructions destinées à la préparation de repas commandés par voie télématique. Ces commandes sont livrées au client soit récupérées sur place". On est bien loin de la définition du restaurant tout en ligne.


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Publié par Pascale CARBILLET



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