Fils d’un restaurateur au col de la Forclaz (Haute-Savoie), Vincent Favre Félix a commencé son apprentissage chez Sophie Bise, qui lui a transmis le virus de la cuisine gastronomique. Mais le chef a une autre passion : le rugby, qu’il va pratiquer à un haut niveau dans le Sud-Ouest. Il ne lâche cependant pas les cuisines, menant de front les deux activités.
En 2000, à 23 ans, son père l’appelle à son secours. Suite à un grave accident, il ne peut plus gérer son restaurant. Vincent Favre Félix n’hésite pas et reprend les fourneaux. La cuisine est traditionnelle et généreuse, il y apporte sa note personnelle, revisitant les recettes savoyardes. Une rencontre va alors changer sa vie. Sa route croise celle de Marc Veyrat. Le chef au chapeau lui propose de l’aider à revoir sa carte. “Il m’a ouvert les yeux, j’ai appris à sublimer un produit simple, c’est un homme de cœur et un génie de la cuisine.” En 2012, Vincent Favre Félix rejoint les cuisines de l’Auberge du lac, un restaurant les pieds dans l’eau à Veyrier-du-Lac. En sept ans, il fidélise ses clients et se fait un nom.
“Ne pas aller trop vite”
Vincent Favre Félix a un rêve depuis toujours : avoir son propre établissement. En 2019, il rencontre Christian Real, propriétaire d’une fondation pour l’Art contemporain à Annecy-le-Vieux. Il découvre les expositions et des œuvres d’art nichées dans un beau parc. Christian Real aimerait animer les lieux avec un restaurant : Vincent Favre Félix en devient le chef-propriétaire. “Je voulais prendre la mesure des lieux. Ne pas aller trop vite. J’ai même téléphoné au Michelin pour leur dire de ne pas m’inspecter, car je ne me sentais pas prêt.” Pourtant, après dix-huit mois d’ouverture dont six de fermeture, l’étoile est tombée. “C’est génial, il n’y a pas de mots. Avec mes enfants, on était en larmes. C’est merveilleux, puissant, impressionnant. Je suis conscient qu’un chef sans ses équipes n’est rien, et je tiens à les remercier. Nous allons rendre cette étoile encore plus belle et toujours dans le respect des produits. J’ai d’ailleurs réservé chez un paysan des hectares de terre pour planter ce dont j’ai besoin en cuisine. Je ne remercierais jamais assez le Michelin de pouvoir réaliser enfin ce rêve de gosse. Il y a un avant et un après l’étoile, je ne serai plus jamais le même.”
Publié par Fleur Tari
lundi 22 mars 2021