L'Hôtellerie Restauration : Pourquoi avez-vous souhaité vous investir au sein de l’Umih ?
Amélia Blanchot : Ce qui m’intéressait, c’était d’accompagner les personnes de mon secteur mais aussi d’être politiquement investie au sein de mon département.
Que représente le secteur de l’hôtellerie-restauration en Charente-Maritime ?
C’est l’un des secteurs économiques les plus importants de Charente-Maritime. Notre offre en termes d’hôtels, de bars, de restaurants, de discothèques font que les touristes viennent dans notre département, l’un des plus attractifs de France.
Localement, quelles sont les difficultés liées à la crise sanitaire ?
Sur les îles [Ré, Oléron, Aix, NDLR], mais aussi à Royan et La Rochelle, nous sommes sur une activité saisonnière. Ceux qui sont ouverts uniquement en saison n’ont pas trop subi la période Covid-19, car c’était leur habitude de fermer l’hiver. À chaque fois que les couvre-feux et autres restrictions ont été levés, nous avons eu une affluence très forte dans notre département. Cela a permis de récupérer une partie du chiffre d’affaires équivalent à 2019. Les établissements ouverts à l’année, eux, ont eu une grosse perte. Les traiteurs sont actuellement dans une situation extrêmement critique, car ils n’ont pas pu cumuler de trésorerie durant l’été.
Le département est aussi touché par les soucis de recrutement ?
Oui, tout à fait, que ce soit pour des postes à l’année ou en saison. Cet été, des établissements ont dû fermer plusieurs jours faute de personnel. Nous avons beaucoup de demandeurs d’emplois et énormément de postes à pourvoir, sauf que nos chemins ne se croisent pas. Nous essayons d’établir ce croisement, en lien avec Pôle emploi.
Concrètement, que proposez-vous ?
Jeudi 2 décembre, nous avons co-organisé avec Pôle emploi une matinée de mobilisation des demandeurs d’emploi vers les métiers de la restauration. Une quinzaine de recruteurs et une cinquantaine de demandeurs d’emplois sont venus à un job dating au sein de mon restaurant, de façon décontractée. Ce format enlève les codes trop rigides du recrutement traditionnel.
C’est très positif car nous proposons aux débutants dans le métier de s’inscrire à une formation express de trois mois, du 13 décembre au 22 mars, pour des titres à finalité professionnelle de commis de cuisine et serveur en restauration, au CFA de Lagord, à côté de La Rochelle. 24 places sont ouvertes, grâce au financement d’Akto, notre opérateur de compétences.
Quelles autres actions envisagez-vous ?
Nous organiserons une autre matinée de ce type fin février. Si Akto valide les financements, nous aimerions proposer quatre formations : cuisinier, serveur, mais aussi valet de chambre et réceptionniste. Ici, l’hôtellerie recrute beaucoup en haute saison.
Comment se porte le moral des professionnels à la veille des fêtes ?
Il n’est pas très bon, surtout pour les gérants de discothèques. Mais tout le monde est dans le flou. Est-ce que nous prévoyons le menu du Nouvel An et les équipes qui vont avec ? On nous stigmatise en disant que le danger est quand les gens mangent et boivent, alors que nous avons tous mis le protocole sanitaire en place. Il faut nous laisser travailler.
La saison va vite arriver, comment l’appréhendez-vous ?
Je pense sincèrement que nos problèmes de recrutement vont se résoudre car nous mettons beaucoup de choses en place. Aujourd’hui, nos métiers s’ouvrent aux jeunes, aux moins jeunes, sur des tranches horaires dont ils peuvent nous faire part. C’est à nous aussi de nous adapter à la vie du demandeur d’emploi.
En revanche, à l’aube de la saison, il y a le remboursement du Prêt garanti par l’État [PGE] qui arrive en mars prochain. De nombreux établissements n’ont pas la trésorerie nécessaire. Il faut absolument que le Gouvernement remette en place le 'quoi qu’il en coûte'.
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Publié par Amélia BLANCHOT