Nous sommes en août 2013. Le chef et patron du Chat qui Rit découvre avec stupeur sur un site internet spécialisé dans la gastronomie un message incendiaire à l’encontre de son établissement, intitulé Attention Arnaque. « A l’époque, je ne m’intéressais pas spécialement au digital et c’est un ami qui m’a prévenu. Sous un pseudonyme, la personne affirmait que je n’utilisais pas de produits frais et d’autres choses totalement fausses. Clairement, on disait qu’il ne fallait pas venir dans mon restaurant ». Son premier réflexe est alors de contacter le site en réclamant le retrait du commentaire. « Mais il n’y avait de contacte téléphonique possible. J’ai envoyé ma demande via leur portail, en précisant que son contenu était faux et anti-commercial ». En retour, la plateforme lui indique que le message est conforme et qu’il ne sera pas enlevé. « La colère s’empare alors de vous. Le contenu était d’une mauvaise foi flagrante. Au nom de quel droit un internaute pouvait-il nous injurier, mon équipe et moi, de manière aussi éhontée ? Car c’est tout le monde qui se sent concerné dans ce cas. Je ne comprends pas qu’on puisse utiliser des mots dont on ne connaît pas le sens ou la portée. Avec un titre, Attention Arnaque, qui était effarant. » Hervé Montoyo, vice président des restaurateurs de l’Umih 66 à cette date, décide d’aller voir un avocat. Plusieurs courriers sont adressés au site, qui joue d’abord la carte de l’inertie. « Il a fallu plusieurs lettres et monter en puissance. Elle n’a réagi qu’à partir du moment où lui avons précisé que nous allions mettre l’affaire au tribunal ». En novembre, le texte est retiré. Mais le préjudice est réel. Le restaurant a subi une chute de fréquentation, autour de 10%. « Je ne pouvais pas laisser les choses en l’état. La diffamation nous avait fait du mal, j’avais un sentiment d’injustice. J’ai pris la décision de continuer et de porter plainte ».
Robin des Bois de la restauration
Un chef médiatique le surnomme alors le Robin des Bois de la restauration. 13 mois de procédure, de reports d’audience s’en suivent. « Et puis le tribunal a tranché. Le site a été condamné à 5000 euros et le président du tribunal a exigé l’adresse IP de l’internaute. ». On peut ne pas aimer un établissement mais l’insulter, sous couvert d’anonymat, est inacceptable pour Hervé Montoyo qui est aujourd’hui président départemental du syndicat patronal. Il travaille avec la rue d’Anjou à la rédaction d’un texte porté par des députés qui fixerait un cadre adapté. Des millions de messages, ayant l’intention de faire du mal, circulent toujours sur la toile.
Publié par Sylvie SOUBES