"Considérant que le retrait de ma troisième étoile, un an après son attribution, du jamais vu dans l’histoire des notations culinaires, constituait un préjudice diffamant au vu des arguments invoqués lors d’une réunion avec sa direction, j’avais décidé en 2019 de traduire le guide Michelin en justice. Considérant que le préjudice n’était pas constitué, le Tribunal de Nanterre m’a débouté le 31 décembre 2019. Convaincu que les étoiles sont accordées de façon arbitraire et que la sanction dont j’ai été victime témoigne des procédés contestables dont use cette publication pour asseoir sa réputation, j’avais un temps envisagé de faire appel.
Il s’avère que, confirmant mes griefs quant à l’intégrité et à l’objectivité du guide Michelin, un élément majeur est intervenu depuis avec le retrait, en février 2020, de sa troisième étoile à l’Auberge du Pont de Collonges, restaurant du regretté Paul Bocuse, dont l’équipe maintient haut et fort la prestation de façon absolument incontestable. Les faits sont désormais évidents, le guide Michelin n’appuie pas sa cotation et ses décisions sur des critères purement professionnels liés à la qualité de la table et au contenu des assiettes, mais sur ses besoins accrus de notoriété. Une stratégie de communication qui consiste à s’en prendre aux grandes maisons et aux cuisiniers les plus célèbres, comme ce fut déjà le cas avec Marc Haeberlin, à Illhauesern, ou Alain Dutournier, à Paris, au titre du renouvellement de supposées élites, afin de laisser la place aux générations suivantes, l’étoilage suprême commençant à saturer. Cette réalité se suffit à elle seule pour conclure que le guide Michelin se livre à un ménage, médiatique et politique, visant à rafraichir une image en déclin. C’est son droit.
Me satisfaisant d’être traité avec la même considération que mes glorieux confrères, et dans l’attente d’être rejoint par ceux qui suivront, ma démarche judiciaire se révèle obsolète. J’ai donc demandé à mon conseil d’abandonner la procédure d’appel. Ma dévotion à la cause de la haute cuisine française et du patrimoine agricole savoyard reste plus que jamais intacte. L’histoire jugera".
Marc Veyrat.