Paroles d'esthètes…
Croiser Toshiro Kuroda, c'est entrer dans un autre univers. A la clé, une multitude de saveurs nouvelles. Plusieurs chefs et sommeliers se sont déjà piqués au jeu avec un grand bonheur. Voici, en avant-première de ce Nouvel an du saké, quelques émotions partagées.
Akrame Benallal, chef du restaurant Akrame à Paris : « Des légumes cuits à l'horizontal : betteraves blanches, navets en botte, artichauts poivrade… à la vapeur de Dassaï 50. Un saké délicat, qui apporte une certaine amertume. A associer à la viande de veau. »
Pascal Leonetti , sommelier de l'Auberge de l'Ill à Illhaeusern : « Je garde un souvenir impérissable de 2 sakés. Le premier est un junmai ginjo, traduisez, eau du désir, d'un producteur nomme Kuheiji . Un saké de belle typicité, pas le plus pur et complexe mais travaillé de très belle manière. Le second m'a semblé exceptionnel , tout d'abord par son degré de polissage , 77 % et surtout sa grande pureté . Il s'agit du junmai daiginjo 23 % Dassai. La gamme d'odeurs est fraîche et aérienne, exprimant des dominantes fruitées, de melon, d'épices, le gingembre. La structure de bouche rappelle le côté cristallin des grands rieslings allemands. Les associations les plus réussies sont , a mon goût , les légumes , le céleri , le radis , les préparations a base de gingembre , les poissons cuisines froid , le fogu , poisson mortel , mais délicieusement préparé lors de nos visites. Je pense également aux crustacés, les langoustines, le crabe et aux huîtres. Certains accords sur les fromages de chèvres me paraissent judicieux. Je reste persuade que la température de service , comme pour le vin , est fondamentale . L'idéal pour moi est entre 12 °c et 17 °c en fonction des différents styles. »
Jean Christophe Rizet, chef du restaurant La Truffière, à Paris : « Au fil des années et des dégustations, mon palais c'est familiarisé avec ce vin de riz et des préférences ce sont fait sentir naturellement. Je continue à découvrir des sakés comme le " Mizuho Kuromatsu " de Kenbishi avec des accords surprenant sur des jambons ibériques des classiques comme le Dassaï 23 équilibré sur la douceur , les sakés de la maison Masumi ou Kazenomori avec le saké perlant que j'ai découvert récemment, les Kuheiji, ou Kokuryu avec lesquels nous avons fait des menus accords mets et sakés. Mes préférences : des sakés relativement secs plus intéressants pour des accords en cuisine et des sakés plus doux sur des entrées plus printanières ou des crustacés. Des sakés plus secs avec du caractère peuvent supporter des accords plus audacieux tel que des viandes rouges. Plus les plats sont marqués en saveurs, plus le saké se révèle… »
Sébastien, chef sommelier au Chateaubriand d'Inaki Aizpitarte, Paris : « Mizuho Kenbishi avec un thon snacké et des pommes de terre en chips, ou sur un boeuf avec une salade très fraîche herbes, coriandre, menthe qui apporte un contraste frais sur le côté « animal » du saké. Sur un amuse bouche : un shot très vif, ceviche avec eau de citron, fumé de poisson, coriandre… Shoju Nishiyama Brewing sur une nage de coquillages (couteaux) avec des reines des près, du pourpier qui font ressortir l'amertume. Un saké pétillant non filtré en automne pour sa tonalité « levure » qui accrochera les saveurs de terre d'une poêlée de giroles, cèpes ou pleurotes avec un peu de sel noir ou encore sur un turbot aux haricots cuits au beurre monté à la manzanilla, pour ouvrir l'ensemble des saveurs. Sakés Ishiro (et autre sakés plus fins) sur des oursins avec du sel de mer. »
Publié par Sylvie SOUBES