Au moment de payer l'addition, les regards fusent. Pourboire ou pas ? En ces temps de conjoncture maussade, quelques piécettes qui se battent en duel, c'est toujours cela de pris. L'âge d'or des généreux pourboires semble bien loin et ils ont déjà du métier ceux qui s'en souviennent. La crise est passée par là. Les clients font attention à leurs dépenses. Beaucoup sont près de leurs sous, tout près.
Radins ? On peut se poser la question à la lecture du dernier sondage Tripadvisor (une enquête sur les tendances comportementales en termes de pourboires en France, aux États-Unis, en Allemagne, en Russie, en Italie et en Angleterre, réalisée les 2 et 3 juin 2014) : 35 % des Français avouent donner moins fréquemment de pourboires qu'auparavant. Tandis que 16 % des clients ne veulent même pas en entendre parler. "Même s'il reste traditionnel dans certains corps de métiers (garçon de café...), il est toujours facultatif et laissé à l'appréciation du client. Aucune profession ne peut l'exiger", peut-on lire sur le site de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
Seuls 15 % de nos compatriotes donnent systématiquement un pourboire contre 49 % des Allemands ou 26 % des Anglais. Mais nous sommes battus par les Italiens qui culminent à 11 % ! L'honneur est sauf.
L'étude a aussi le mérite de souligner les motivations des Français pour entrouvrir un peu plus leur porte-monnaie. Ils plébiscitent, loin devant les autres nationalités, la convivialité. Au-delà de la qualité de la prestation dans le verre ou l'assiette, les Français veulent de l'écoute, de l'attention et du sourire. La politesse arrive en deuxième position.
Et les clients dans tout cela ? Ont-ils conscience de l'intensité des services, de la somme de sagesse nécessaire pour supporter certains comportements déplacés ou irrespectueux ? En salle, les professionnels font tout pour garder le sourire tout en puisant dans leurs ressources physiques afin de tenir le rythme en saison. Surtout qu'il faut garder un oeil sur les clients qui sortent fumer ou téléphoner, et que l'on ne revoit jamais.
Publié par Nadine LEMOINE