Après avoir rappelé les atouts d'attractivité exceptionnels dont bénéficie l'Hexagone, ne serait-ce que par le classement de notre gastronomie au patrimoine immatériel de l'humanité, l'orateur a toutefois pointé l'une de nos plus grandes faiblesses : notre position de troisième pays pour les recettes issues du tourisme par visiteur, derrière les États-Unis et l'Espagne, malgré une flatteuse pole position pour la fréquentation étrangère avec 83 millions de visiteurs en 2012.
Certes, peu d'activités économiques peuvent se targuer de contribuer pour plus de 12 milliards d'euros à notre balance commerciale extérieure, mais cet excédent mérite d'être amélioré. C'est le sens de la feuille de route lancée par Laurent Fabius qui a listé les propositions susceptibles de faire du tourisme français le premier du monde. Pas moins.
Les pistes définies par le Quai d'Orsay ne seront pas toutes tracées en un temps record, mais elles méritent d'être prises en considération par toutes les professions concernées, l'hôtellerie et la restauration au premier chef.
Diversification d'une offre de qualité accessible à tous les budgets, 'contrats de destination' entre l'État, les collectivités locales et les professionnels, amélioration notable de l'accueil, notamment à l'aéroport de Roissy et à la gare du Nord, les deux points essentiels de l'arrivée des étrangers en France où, de la signalétique parfois défaillante à l'état imprévisible des salles d'attente et des toilettes, le touriste souvent peu familiarisé avec les moeurs hexagonales s'étonne à bon droit des faiblesses du pays de l'art de vivre… La liste est évidemment loin d'être épuisée si l'on ajoute les problèmes de taxis, de l'obtention des visas, la sécurité des lieux de haute fréquentation, l'ignorance des langues étrangères par les autochtones, sans oublier les horaires déconcertants d'ouverture et de fermeture des commerces dans des zones ultra touristiques.
Il fallait du courage pour se livrer à cet exercice critique face à un public plus spontanément porté à l'autosatisfaction qu'à la remise en cause des positions acquises.
Et pour illustrer la volonté d'accompagnement de la puissance publique, le locataire du Quai d'Orsay a confirmé la politique de protection des acteurs du tourisme face aux grandes plateformes numériques de réservation, l'attribution du qualificatif de "secteur stratégique de l'économie" qui se traduira par la participation de la profession au plan des 100 000 formations prioritaires pour l'emploi, sans oublier notamment la création d'un Conseil de la promotion du tourisme qui sera animé par un ambassadeur de France.
Et comme les choses qui vont sans dire vont encore mieux en les disant, retenons cette parole ministérielle qui a le mérite d'une affirmation trop rarement exprimée : "Les services ne sont nullement, quelle que soit leur étymologie latine, une servilité, voire une servitude, mais au contraire une serviabilité, un enrichissement."
Publié par L. H.