En France, les sociétés coopératives et participatives (SCOP) ou d'intérêt collectif (SCIC) représentent quelque 4 400 entités, dont 5 % seulement dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. “Ces modèles coopératifs sont encore méconnus, mais ils sont en plein essor depuis la crise sanitaire, en raison d’une recherche de sens démultipliée”, observe Fatima Bellaredj, déléguée générale de la Confédération générale des SCOP et des SCIC.
Des équipes impliquées
Ces entreprises, qui sont de forme SA, SARL ou SAS, affichent deux différences fondamentales, en matière de gouvernance et de répartition des bénéfices.
“Dans une SCOP, les salariés détiennent au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de vote. Si tous les salariés ne sont pas associés, tous ont vocation à le devenir. Chaque salarié associé dispose d’une voix, quels que soient son statut, son ancienneté et le montant du capital investi”, précise Fatima Bellaredj. C’est la voie suivie par Pur Coop, SCOP créée en 2022, à la suite de la liquidation de la société de restauration alsacienne Pur etc. “Chez Pur etc, nous fonctionnions déjà via une holocratie, c’est-à-dire une gouvernance partagée. La SCOP a été la suite logique, raconte Beth Symon, co-gérante. Avec le montant de nos licenciements économiques, nous avons investi au minimum 200 € chacun dans le capital social. Aujourd’hui, nous sommes plus d’une dizaine de salariés associés sur une vingtaine, dont les deux anciens patrons. Le comité de pilotage, composé de cinq personnes élues par la coopérative, prend des décisions stratégiques. Si elles n’arrivent pas à se mettre d’accord, cela passe en assemblée générale, avec toute la coopérative.”
Dans une SCOP, le profit se répartit entre les salariés (au minimum 33 %), les associés, et les réserves de l’entreprise (au minimum 33 %). “Il y a de la solidarité, de la transparence sur les salaires et sur les décisions stratégiques. Chacun travaille pour un collectif. Il y a une implication qui se ressent, même au niveau de la clientèle. Ce mode de fonctionnement favorise la fidélisation des équipes et facilite le recrutement”, estime Beth Symon.
Transmettre à des salariés et des clients
De son côté, l'hôtel-restaurant occitan L'Auberge du Cèdre a été transmis par ses anciens propriétaires à 9 salariés saisonniers, 19 clients et 4 investisseurs privés, dans le cadre d’une SCIC. Juridiquement, une SCIC peut en effet inclure, outre ses salariés, des fournisseurs, des associations, des collectivités territoriales… “La gérance est élue par l’ensemble des coopérateurs, pour une durée de quatre ans. Les bénéfices sont divisés entre les travaux et les primes d’intéressement pour les salariés, mais nous avons fait le choix de ne pas verser de dividendes aux coopérateurs. Notre but n’est pas financier, mais que l’entreprise continue”, explique Laurent Baccou, ancien directeur adjoint devenu co-gérant de la structure. Pour ce dernier, “réussir à évaluer L’Auberge du Cèdre après le Covid, et impliquer les clients coopérateurs, toute l’année”, constituent les principales difficultés rencontrées par la SCIC.
Se faire accompagner
Créer une SCOP ou une SCIC ne s’improvise pas. Pour ce faire, il est recommandé de s’adresser à l’URSCOP de sa région. “Des techniciens vous accompagnent pour structurer votre projet, au niveau juridique et financier. En moyenne, il faut compter trois mois pour une création ex-nihilo, et entre six et neuf mois pour une reprise ou une transmission”, déclare Fatima Bellaredj. L’accompagnement se poursuit également après la création de la coopérative. “C’est ce qui fait notamment la robustesse du modèle, poursuit-elle. Le taux de pérennité à cinq ans est de 76 %, contre 61 % pour la moyenne des entreprises en France. Et pour la transmission d’une entreprise saine, le taux de pérennité à cinq ans grimpe à 92 %.”
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Publié par Violaine BRISSART