Clients ou salariés, ils ont repris leur établissement pour le sauver

Marseille À Marseille, le Caravane Café et le McDonald’s de Saint-Barthélemy étaient sur le point de fermer leurs portes. La création d’une coopérative, par des clients ou des employés, a permis de préserver ces restaurants de quartier.

Publié le 13 mars 2025 à 11:00

Dans le quartier touristique de l’Estaque, à Marseille, les restaurants authentiques se réduisent comme peau de chagrin. Lorsque la patronne du Caravane Café plie bagage, ses clients décident donc de sauver cette cantine de poche en montant, en juillet 2023, une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). “On voulait un statut d’entreprise et non associatif, une gestion collective, un format qui autorise le bénévolat et qui soit ouvert à ceux qui ne sont pas actionnaires”, résume Olivier Moreux, président de la coopérative. Les actionnaires (155 aujourd’hui, contre une quarantaine au début) se partagent les parts sociales dont le montant unitaire est fixé à 100 €. Avec un apport de 10 000 € de capital et un emprunt de 30 000 € auprès de l’Union régionale des Scop Paca (Urscop), la SCIC peut acheter le fonds de commerce, investir dans des équipements et verser les premiers salaires à l’ouverture, en janvier 2024.

 

Chaque coopérateur a une voix

Ici, les grandes décisions se prennent à la majorité lors de l’assemblée générale : “chaque coopérateur a une voix, peu importe le nombre de parts”, rappelle-t-il. Un comité de gestion de douze personnes est chargé des décisions du quotidien, et six groupes de travail planchent sur différentes thématiques (travaux, achats, administration…). Les serveurs sont bénévoles et les cuisiniers sont des prestataires extérieurs.

“La principale difficulté n’a pas été de monter la SCIC, car on a bénéficié de l’expertise de certains coopérateurs, notamment l’un des créateurs du supermarché coopératif et collaboratif marseillais Super Cafoutch. Au quotidien, c’est la gestion des bénévoles et leur motivation qui sont compliquées”, note Olivier Moreux. Côté rentabilité, l’équilibre est aussi délicat, en raison de la petite taille de l’établissement : “On est à zéro depuis novembre 2024, avec un chiffre d’affaires de 6 000 € par mois qui permet de couvrir nos coûts et le remboursement du crédit.”

 

 

Un fast-food solidaire

Non loin de là, dans les quartiers Nord de Marseille, l’Après-M est l’histoire d’un McDonald’s transformé en “fast-social-good”. Ouvert en 1992, le McDonald’s de Saint-Barthélemy symbolise le “rêve américain” pour les populations défavorisées du quartier. “C’était un réel ascenseur social, même si on n’avait pas d’expérience, même si on avait eu une vie cabossée”, confie Kamel Guemari, qui passera plus de vingt ans chez le géant américain. Mais peu à peu s’instaure un bras de fer entre l’enseigne et ses salariés : cette longue période de lutte sociale et judiciaire mène à la liquidation du restaurant en 2019 et à la perte de plus de 70 emplois.

En 2020, lors du premier confinement, d’anciens salariés et des associations réquisitionnent les locaux pour distribuer de l’aide alimentaire aux plus démunis. La ville de Marseille préempte les murs et loue le local aux salariés et bénévoles qui œuvrent désormais au sein d’une SCIC. “4 000 personnes ont pris une part à partir d’un euro”, glisse Kamel Guemari. Fin 2022, l’Après-M devient ainsi un restaurant d’insertion sociale et solidaire. Les burgers – dont certains en forme de soucoupe ont été conçus par le chef étoilé Gérald Passedat – sont proposés à prix serrés. Tous les bénéfices sont réinjectés dans la distribution de colis alimentaires (près de 800 par semaine). Des artistes comme Malik Fares, Soso Maness ou le groupe IAM, viennent se produire bénévolement pour soutenir le projet. Après une “année 2023 très difficile”, l’Après-M rime enfin avec rentabilité.


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Publié par Violaine BRISSART



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