Ca vous est arrivé : Faute de repreneurs, j'ai opté pour le crédit vendeur auprès des salariés

Souillac (46) L'établissement est atypique dans son histoire et son modèle économique. Le dossier de reprise, irrecevable aux yeux des banques et trop compliqué pour les repreneurs extérieurs, a fait l'objet d'un crédit vendeur entre l'ancien propriétaire et ses salariés.

Publié le 28 septembre 2016 à 17:48
La Vieille Auberge a d'abord été la maison familiale d'un chef qui fit carrière à Paris et qui, à l'heure de la retraite, crée entre le salon et la cuisine, un restaurant de 12 couverts, qu'il ouvre quand bon lui chante. L'établissement a ses adeptes, mais lorsqu'il est mis en vente, pourtant auréolé d'une étoile au Michelin, personne n'en veut. Trop atypique. Nous sommes en 1972. Robert Véril, jeune cuisinier originaire du cru, y voit pourtant une opportunité. « Le problème, c'est que je n'avais pas de sous ». L'affaire va pourtant se conclure, grâce à l'instauration d'un crédit vendeur. Trois ans plus tard, le nouvel exploitant engage d'importants travaux de transformation, faisant de La Vieille Auberge un hôtel-restaurant. Dans les années 1980, Robert Véril possède désormais trois établissements, dont l'un, Le Quercy, avec piscine découverte, est mitoyen et l'autre, La Résidence,  avec centre de remise en forme – une vraie nouveauté pour l'époque – et piscine couverte, se situe à quelques enjambés. « On commercialisait 45 chambres ». Robert Véril cible la clientèle étrangère, individuelle et groupe, mais refuse les exclusivités imposées par les tours opérateurs. « On me traitait de fou, mais je voulais conserver ma liberté ». En 1990, il recherche un ou une réceptionniste « avec un profil commercial. J'avais besoin de quelqu'un pour me seconder et me suivre dans mes projets, notamment dans la création de packs tout compris ». L'hôtelier imaginait aussi une saison plus longue pour Souillac, qui ne se résumerait plus au traditionnel 20 juin/ 10 septembre. Christine Bonhomme a 24 ans, une licence d'anglais et un diplôme de marketing touristique en poche quand elle se présente pour le poste, son premier job. « Je ne connaissais pas l'hôtellerie mais je voulais travailler dans mon département. J'ai toujours été très attachée à ma région et mon terroir » confie-t-elle. « Soit tu fais 8 jours, soit 20 ans » lui réplique alors son interlocuteur.

Lancement d'une agence réceptive

Christine, « c'est mon clone » sourit aujourd'hui Robert Véril, comprenez une infatigable bosseuse, curieuse de tout, attentive au monde qui l'entoure, à la fois audacieuse et raisonnable. Le duo va « casser la baraque », s'adressant à de nouvelles clientèles, développant des formules de circuits itinérants en vélo, sur une semaine, avec départ et retour à la Vieille Auberge. En 2000, ils lancent une agence réceptive dont Christine Bonhomme devient gérante. Un catalogue de produits autour de la randonnée, du canoë, du vélo, proposé  aux TO étrangers est décliné.  « Ils avaient besoin de quelqu'un sur place et on répondait à leurs besoins. La base, pour nous, restant La Vieille Auberge. Sauf qu'il nous arrivait de louer jusqu'à 100 chambres à Souillac, en jouant sur la sous-traitance » explique-t-elle. La dynamique commerciale s'enclenche, avec pertinence. La période d'activité s'agrandie, du 1er mai au 30 septembre, avec des mois d'avril et octobre à potentiel. En 2005, Robert Véril se sépare de la Résidence. « Je commençais à songer à retraite ». En 2010, à 66 ans, il décide de passer le flambeau. « Mes enfants ne voulant pas reprendre, j'ai mis en vente. Et à ma grande surprise, nous avions construit une structure spécifique, qui faisait peur aux éventuels repreneurs. Bref, l'issue était la fermeture pure et simple ». Christine Bonhomme et les cadres responsables de l'entreprise, dont Ghislaine Puig, arrivée en 2003, montent alors un projet de rachat du fonds, comprenant la fusion de la Vieille Auberge et du Quercy, avec une seule réception et salle de petit déjeuner, qui allait permettre de réduire les coûts de fonctionnement. « L'ensemble était cohérent. Nous avons frappé aux portes des banques avec des prévisionnels qui tenaient la route mais là encore, personne n'a compris notre mode de commercialisation » explique Christine Bonhomme. Une solution vient à l'esprit du propriétaire : consentir, à son tour, un crédit vendeur. Le montant de la transaction est fixé à 50 000 euros. « Un montant dérisoire » aux yeux de Christine et Ghislaine qui ont dû toutefois « racler les fonds de tiroir pour créer la société ». Mais « c'était ça ou l'affaire s'arrêtait » rappelle Robert Védril, soulagé et heureux d'avoir transmis aux bonnes personnes, « tout simplement ».



Publié par Sylvie SOUBES



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