Vous avez remis votre rapport, et maintenant ?
Régis Marcon : Comme toute réforme importante, elle demande à être
expliquée. Il est essentiel que chacun s'accapare ce rapport. Rien n'est
définitif. Il pose des bases, à partir desquelles nous devons avancer. Les
acteurs doivent apprendre à se comprendre et se connaître. Et il faut que les
jeunes puissent se projeter, et leur laisser des portes ouvertes. Les difficultés sont multiples et commencent
dès la fin du collège. Les enseignants ne connaissent pas les métiers
d'aujourd'hui, ni le monde du travail en général. Les conseillers d'orientation
ne tiennent pas compte des besoins réels du marché du travail et les parents
sont trop souvent perdus en fin de 3ème. En outre, la voie
professionnelle ne doit plus être choisie par défaut ou en fonction des notes… C'est un travail d'ensemble qui va être mené
et qui s'articule avec d'autres réformes.
Vous proposer d'intégrer
l'apprentissage en fin de cycle de bac pro, dans quelle mesure ?
R. M. : Les professionnels, quel que soit le secteur, se plaignent
que les jeunes à la sortie du bac pro ne sont pas employables. D'autre part,
les jeunes qui veulent poursuivre leurs études après un bac pro ont souvent du mal.
Nous voulons désormais assurer la double finalité de l'enseignement professionnel,
qui fait sa force : donner au jeune en bac pro le choix d'intégrer le
monde du travail au terme de l'examen, soit de poursuivre en études
supérieures. La classe de seconde doit
permettre à l'élève de faire connaissance avec les spécialités qui existent au
sein de la famille de métiers qu'il a choisie en 3ème. A la fin de
cette seconde, il opte pour une spécialité. La première, grâce aux stages, doit
lui permettre de se projeter dans l'avenir. En fin de première, il précise la voie qu'il veut prendre après
l'obtention du bac pro : poursuite d'études supérieures ou insertion
professionnelle. S'il choisit de poursuivre des études, la terminale doit le
préparer dans ce sens. S'il préfère entrer dans la vie active, la terminale se
fait en apprentissage, idéalement 3 semaines en entreprise, une semaine en
école. Faire seulement des stages à ce stade ne permet pas d'appréhender un
métier.
Comment voyez-vous l'avenir,
quels messages souhaitez-vous faire passer ?
R. M. : Le rapport école/entreprise doit faire l'objet d'une
révolution culturelle. Il faut aller vers davantage de parcours 'découvertes'
au collège et l'orientation ne doit pas s'arrêter en 3ème. Quant à la voie
professionnelle, elle va devoir réduire le nombre de spécialités pour donner
une meilleure lisibilité aux jeunes et aux parents. Des jeunes à qui il faut
donner des compétences transversales, pour ne pas les enfermer, pour créer des passerelles, pour leur
donner la possibilité d'intégrer d'autres cursus durant leur vie
professionnelle. Ensuite, enseignants et professionnels doivent construire
ensemble de nouvelles méthodes pédagogiques, qui soient plus efficaces pour les
jeunes, plus adaptées au monde qui évolue très vite. La mise en place d'un référentiel
demande cinq ans, c'est bien trop long dans l'époque actuelle. Il faut trouver
des modules, des moyens de rendre les formations réactives aux nouveaux métiers
qui se créent. Et j'insiste sur le fait que tout ça ne pourra se faire qu'au
travers d'une construction conjointe et renforcée : métiers/Education
Nationale.
voie professionnelle #régis-marcon# Celine Calvez #JeanMichelBlanquer#
Publié par Sylvie SOUBES
vendredi 9 mars 2018
vendredi 9 mars 2018
vendredi 9 mars 2018
mercredi 7 mars 2018