Depuis la révolution numérique des années 2000, le secteur de l’hôtellerie-restauration doit faire face à un immense bouleversement. "Avec la généralisation d’internet et du téléphone mobile, les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) se sont placées entre nous et le marché pour capter la relation directe avec nos clients et investir massivement dans toutes les étapes de l’intermédiation, déclare Thierry Marx. L’objectif des plateformes est clair : capter la marge de nos entreprises en place sur des grands secteurs historiques rentables."
"Nous sommes debout tôt le matin et terminons nos journées de travail très tard le soir, nous travaillons le week-end, nous prenons les risques en investissant dans des locaux et des fonds de commerce, nous employons près d’un million de personnes en France", constate le président de l’Umih. Pour lui, si ce sont les professionnels qui font tout le travail, c’est bien cette nouvelle économie qui en récolte les fruits en parasitant les activités de l’hôtellerie-restauration pour capter leur clientèle et leur marge. "Nous dégageons une rentabilité de seulement 2 % dans la restauration quand Booking.com présente un ratio de 17,9 %, Airbnb, 22,6% et Google 21,2 %."
Thierry Marx propose donc de reprendre la main "pour ne pas devenir les serfs modernes de ces dotcom car les seigneurs d’aujourd’hui sont les géants de l’Internet".
Lancer une plateforme France
Seule solution, selon lui, construire une alternative à la dénomination de ces géants en lançant une plateforme France qui regrouperait tous les établissements du secteur. Thierry Marx entend s’appuyer sur des entreprises innovantes susceptibles de rivaliser avec Microsoft, Google et Meta, comme la start-up Mistral Al, cofondée par trois chercheurs français de l’intelligence artificielle passés par les Gafa américaines, ainsi que le laboratoire de recherche Kyutai, dont le lancement a été annoncé par Xavier Niel.
"En nous alliant à la french tech, nous avons les moyens de travailler à une nouvelle génération de plateformes interrogeables en langage courant et avec des robots conversationnels, qui vont organiser et structurer intelligemment l’offre touristique d’un territoire", explique Thierry Marx.
Pour mener à bien ce projet, l’argent est le nerf de la guerre. Si l’État peut contribuer via Bpifrance au financement des investissements technologiques nécessaires à la mise en œuvre de cette nouvelle génération de plateforme, Thierry Marx en appelle à la mobilisation de tous les hôteliers et restaurateurs pour contribuer à alimenter un fonds d’investissement. "Si tous les professionnels investissaient 500 € par établissement, cela pourrait représenter 60 millions d'euors. Soit une belle somme pour amorcer ce fonds", conclut le président de l’Umih, qui souhaite aussi "mobiliser tous les acteurs du tourisme : communes de France, départements, régions, qui doivent pouvoir rejoindre ce mouvement pour défendre l’attractivité de leur territoire".
Publié par Pascale CARBILLET