Après une première partie de carrière dans l'hôtellerie-restauration, Stéphane Cucci quitte le secteur il y a dix ans pour devenir chauffeur-routier dans l'entreprise de son père. Mais lorsque celui-ci décède dans un accident de la route, il prend la tête de la société. Celle-ci se développe, mais la tension et le stress ont raison du jeune patron qui tombe gravement malade et doit liquider l'entreprise. Bilan : un an et demi d'arrêt de travail.
Mais la restauration revient le tarauder. Conscient que ses 43 ans et sa longue maladie ne rendent pas son profil attractif, Stéphane envoie des CV... et enchaîne les refus sans motif. "Jusqu'au jour où dans une enseigne de pizzeria de Logwy, on m'a dit clairement que j'étais trop vieux !" L'expérience lui permet pourtant de sentir qu'il a conservé "la passion du service..." Il envisage de lancer son restaurant, et entend parler du Camion qui fume et du Réfectoire à Paris. L'idée ne lui sortira plus de la tête.
La grande débrouille
Fiché à la Banque de France après la liquidation de sa société de transport, Stéphane Cucci ne peut plus emprunter. Il fait désigner sa femme comme gérante de l'entreprise et devient salarié. Investissement de départ : presque 60 000 €. "27 000 € de la banque, 12 000 € de prêts de la CCI, et le reste de ma poche. Je rembourse aujourd'hui 680 € par mois." Il met six mois à trouver 'le' camion "avec un frigo qui ne s'arrête jamais". Il le déniche début 2014 sur Le Bon Coin et le recouvre d'autocollants, "moins chers qu'une peinture !"
Au printemps 2014, il s'installe au Leroy Merlin de Metz Technopole. Les résultats sont bons mais un changement de directeur le force à partir au bout de deux mois. Après avoir tenté sans succès la ZAC de Waves, à Metz, il met le cap sur le campus luxembourgeois de Belval. "Je ne payais pas l'emplacement mais, en échange, je devais garder les mêmes prix qu'en France. Ça a marché du tonnerre !" Mais l'hiver 2014-2015 est très dur. "On n'a eu personne. L'hiver, les clients veulent des soupes bien chaudes, du café... Il faut adapter la carte."
Mêmes prix que McDonald's
Et pour l'hiver qui arrive ? "Ça va aller. Je suis en face du McDonald's de Fameck, tellement surchargé le midi que je récupère une partie de sa clientèle." Le Frichti a d'ailleurs indexé ses prix sur ceux du fast food : son hamburger premier prix est à 4,90 €, et le menu avec burger, frites et boisson à 8 €. "Et je ne fais que du frais, moi", insiste Stéphane Cucci.
Aujourd'hui, il vend 50 burgers par jour et alterne vente grand public et animation d'événements privés. Côté projets, il avoue du bout des lèvres "penser à construire un petit truc en dur", mais n'en dira pas plus. Et depuis la rentrée, il n'est plus seul : il a recruté une salariée en CDD, Émilie Mauguin, une mère de quatre enfants novice dans la restauration. "C'est pour ça que je l'ai embauchée !" Elle devrait bientôt passer en CDI. Un bel exemple de discrimination. positive.
Publié par Lucie DE GUSSEME
lundi 12 octobre 2015