Avec son épouse Marie-France, chef pâtissière, Pascal Borrell décide alors de refaire la salle en augmentant sa capacité d'accueil afin de dégager 60 à 70 000 € de chiffre d'affaires supplémentaires à l'année. Le couple pense alors au crowdfunding : le principe est de faire directement appel à l'épargne des particuliers, via une plateforme sur internet, qui opère dans le cadre réglementaire. "Nous avions besoin de faire des travaux et nous avons cherché comment les financer. Nous avons pensé à cette formule. Le chef Alain Ducasse l'a utilisée pour ses trois établissements parisiens. Nous ne sommes pas fâchés avec les banques, mais c'est une autre façon de fonctionner. Oséo ne prête plus au secteur CHR, et les banques sont assez frileuses avec notre métier : même avec un bilan exceptionnel et une très bonne réputation, sans apport personnel, pas d'accord." Plutôt que de consacrer sa trésorerie à constituer cet apport, Pascal Borrell s'adresse à une plateforme généraliste, pour emprunter 40 000 €, sans apport ni caution.
"Un côté humain"
Le chef obtient un prêt à 7 %, avec un remboursement sur douze mois. "Le comité se décide sur le projet, après examen de notre rapport financier et de notre CAF [capacité d'autofinancement]. J'ai eu le directeur financier au téléphone, puis tout c'est fait par e-mail, en une semaine. L'accord de prêt prend la forme d'une proposition commerciale, les chiffres sont établis, la commission de la plateforme est clairement indiquée. Il y a ensuite un délai obligatoire de 30 jours de publication sur internet avant le déblocage des fonds. Une fois le protocole de vente signé, j'ai reçu le profil des préteurs." Des personnes qu'il ne connaît pas mais qu'il serait ravi de rencontrer s'ils se font connaître. "Il y a un côté humain dans les deux sens : ça doit faire réfléchir les gens d'emprunter auprès de 400 personnes qui peuvent frapper à leur porte !"
Pascal Borrell est totalement satisfait de cette première expérience. "Quand on passe 12 heures par jour ou plus dans notre entreprise, on est vraiment content d'avoir un accord positif sur un financement, avec une réponse rapide et simple et un administratif léger." Pour son prochain investissement - racheter le fonds pour 220 000 €, et refaire sa terrasse de 50 places -, il a vu sa banque mais envisage aussi de recourir à nouveau à la même plateforme. Elle peut prêter de 10 000 à 500 000 €, avec un remboursement jusqu'à cinq ans. "Il faut être un bon gestionnaire, avoir un bon bilan, et chaque chef d'entreprise doit trouver sa solution. Mais s'il y a un problème ou que ça traîne avec la banque, il ne faut pas hésiter à se tourner vers le financement solidaire", conseille Pascal Borrell.
Publié par Anne Sophie Thérond