Sophie Cézanne, responsable hébergement, et Jérôme Damany, responsable technique, ont longtemps oscillé entre Le Mas des herbes blanches et L’Aigle des neiges, un 5 étoiles du Luberon et un hôtel 4 étoiles de Val d’Isère. Entre autres. “Au total, Sophie a fait des saisons pendant dix ans, et moi pendant cinq années. Nous avons vécu ensemble le rythme été et hiver très intense avec des pauses rapides - une quinzaine de jours entre chaque saison -, le recrutement incessant, le turn-over des salariés et leur formation tous les six mois, à cela toute la pression qui s’ajoutait pour satisfaire pleinement nos clients. Après toutes nos expériences et nos responsabilités, nous nous sommes sentis de gérer seuls un établissement”, raconte Jérôme Damany.
Bien cadrer sa recherche
En juillet 2022, le couple commence donc à chercher un fonds de commerce – “une petite structure familiale avec piscine, sans restaurant, du côté du Luberon”. “Nous voulions un établissement avec du charme mais sans prétention, accessible à un plus grand nombre”, poursuit Jérôme Damany. À un hôtel au chiffre d’affaires conséquent (et donc au prix de vente élevé), le duo préfère un fonds de commerce à rénover, avec un petit chiffre d’affaires et un “fort potentiel à développer”. Il finit par dénicher un établissement de dix-sept chambres à la décoration années 1970, à Venasque, entre le Luberon et le Mont Ventoux, avec vue sur les Dentelles de Montmirail.
Convaincre les banques
Début 2023, le tandem contacte six banques. “C’était une période très complexe au niveau bancaire, même avec un apport important”, se souvient Sophie Cézanne. Après cinq refus, une banque finit par faire confiance au jeune couple. “La directrice et le chargé professionnel nous ont reçus. Ils étaient très au courant du secteur de l’hôtellerie, du taux d’occupation dans la région, de la localisation de notre hôtel… Après avoir visité l’hôtel, ils ont bien vu notre complémentarité, notre expérience, notre motivation, et compris notre volonté d’engager de si gros travaux justifiant ainsi notre prévisionnel”, note-t-elle.
Un chantier à quatre mains
Feu vert. Pendant neuf mois et demi, le couple s’attelle à ce chantier de 600 m². “Il n’y avait pas de gros œuvre, mais nous avons rénové toutes les chambres les salles de bains et les parties communes. On a tout fait nous-mêmes, à l’exception de la pose du carrelage. On a travaillé sans relâche, tous les jours, pour tenir les délais”, souligne l’ancien plombier chauffagiste.
Un service personnalisé
Fin mars 2024, La Garrigue ouvre ses portes. Malgré ses 2 étoiles actuelles et ses prix abordables (à partir de 99 € la nuitée), l’établissement inclut quelques détails issus de l’hôtellerie de luxe, comme la “literie 5 étoiles” ou le service conciergerie. “Nous accueillons nos clients comme dans un 4 ou 5 étoiles, de manière personnalisée, avec une visite entière de l’hôtel”, déclare Sophie Cézanne, qui respecte à la lettre ses taux d’occupation prévisionnels.
Et d’ajouter : “Travailler à notre compte est un plaisir, même si on se met quand même la pression car l’envie de toujours bien faire est essentielle pour nous. Nous avons travaillé dans des hôtels où les moindres détails comptent et c’est exactement ce que nous reproduisons à la Garrigue.”
Le couple, qui a embauché deux salariés à mi-temps, compte travailler “huit mois par an, sept jours sur sept, sans s’arrêter” : “Nous avons désormais du temps pour nous pendant la saison creuse et nous habitons sur place, c’est un luxe.”
Publié par Violaine BRISSART