Chaque année, 40 % des Français ne partent pas en vacances. Un taux considérable, rappelé en juin dernier par l’Observatoire des inégalités, et qui reste malheureusement stable depuis les années 1990, explique l’Insee. Partir en vacances coûte cher, et les aides financières ne suffisent pas aux ménages les plus défavorisés, notamment aux familles monoparentales, pour s’offrir un séjour hors de leur domicile. Face à cette situation, de nombreuses associations s’engagent aux côtés des professionnels du tourisme.
C’est le cas de Vacances & Familles, qui permet chaque année à près de 2 300 familles (environ 8 000 personnes) de séjourner dans 300 sites en France, pour une durée moyenne de 8,7 jours. À Paris, l’association a signé depuis 2022 un partenariat avec le groupe d’appart-hôtels Edgar Suites, qui offre chaque année 100 nuits dans plusieurs de ses résidences, permettant d’accueillir vingt familles originaires de Marseille.
Un dispositif salué, mardi 26 septembre, par la ministre du Tourisme Nathalie Delattre, qui s’est rendue à l’Edgar Suites Louvre-Bellan, dans le IIe arrondissement de la capitale, où elle a rencontré deux familles actuellement en vacances, ainsi que Xavier O’Quin, président d’Edgar Suites, et Mebarek Karar, délégué général de Vacances & Familles. L’occasion pour les deux dirigeants de présenter leur partenariat et les modalités des séjours organisés par l’association.
L'accompagnement, clé du succès
Depuis quatre ans, Edgar Suites propose chaque année un allotement de chambres à Vacances & Familles, qui se charge ensuite de choisir les bénéficiaires et de les accompagner, avec ses bénévoles, dès leur arrivée à la gare, les guident jusqu'à leur hébergement et pendant tout le séjour. Pour beaucoup de familles en effet, partir en vacances représente un défi qui dépasse la question financière, car “elles ne sont pas habituées à se retrouver dans un environnement étranger et craignent d’être en difficulté”, explique Mebarek Karar.
Celles-ci s’acquittent toutefois une participation symbolique de 100 € pour leur séjour, versée à l'association : “C’est essentiel, parce que si on donne des choses, si elles n'ont pas de coût, on perd le sens et la valeur du voyage, insiste Xavier O'Quin, qui poursuit : Il est très important pour nous de les accueillir comme n’importe quel autre client de l’enseigne. Cette approche permet de dépasser les clivages traditionnels entre tourisme social et tourisme marchand.”
Une action concrète inscrite dans la démarche RSE
Ce partenariat s'inscrit dans la démarche RSE globale d'Edgar Suites. "Nous comblons les difficultés de recrutement en proposant à nos salariés un projet qui a du sens, détaille Xavier O'Quin. Quand on explique aux personnes qu'on recrute qu'on est entreprise à mission, certifié B. Corp, et que dans ce cadre, on va offrir des vacances à des personnes qui n'ont jamais eu l'opportunité de partir, cela permet de prouver que nos actions sont concrètes et qu’elles durent dans le temps.”
Le dirigeant est transparent sur ses motivations : "Tout le travail que nous faisons sur la RSE ne m'a jamais permis de vendre une nuitée un euro de plus. En revanche, pour recruter des professionnels de talent et les garder, c'est un vrai atout." Ceux-ci peuvent mesurer eux-mêmes l’impact du partenariat : “On a vraiment des retours très touchants des familles accueillies, et nous organisons des ‘pots’ avec nos collaborateurs, qui sont très contents d'échanger avec elles.”
Cette philosophie se traduit aussi dans les recrutements et les définitions de postes : “Nous avons souhaité rendre les emplois ‘désirables’, pour fidéliser nos équipes, avec plus de polyvalence et des salariés plus âgés que dans le secteur. Résultat, notre taux de turn-over est très faible.” Un engagement social qui devient un levier de différenciation et de fidélisation, tout en ayant permis, depuis 2022, d’offrir 700 nuitées dans la capitale.
Publié par Roselyne DOUILLET
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