Dans les transports en commun, les deux tiers des
victimes d'injures et insultes sont des femmes, tout comme l'écrasante majorité
des victimes de violences sexuelles. Ces agressions ont lieu principalement
dans les bus, sur l'ensemble du territoire, et plutôt en journée. À Paris, six
femmes sur dix redoutent une agression ou un vol dans les transports contre
trois hommes sur dix. Enfin, une étude internationale de l'institut de sondage
Yougov montre que 85 % des Parisiennes pensent qu'elles ne seraient pas
aidées en cas d'agression dans le métro. Dans ce contexte, après six mois de
concertation et en s'inspirant des recommandations du Haut Conseil à l'égalité
entre les femmes et les hommes (HCEFH), le ministre de l'Intérieur, Bernard
Cazeneuve, présentait en juillet dernier avec Pascale Boistard,
secrétaire d'État chargée des Droits des femmes, et Alain Vidalies,
secrétaire d'État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, un plan d'action
articulé autour de douze engagements fermes contre le harcèlement sexiste et
les violences sexuelles dans les transports, parmi lesquels
- l'expérimentation de l'arrêt à la demande des bus de
nuit afin de permettre aux femmes de descendre au plus près de chez elles ;
- des campagnes d'information dans le métro pour
dénoncer les mauvais comportements et expliquer aux victimes et aux témoins par
quels moyens ils peuvent agir ;
- la mobilisation des services de l'État sur tout le
territoire et la possibilité de contacter un numéro d'urgence par téléphone (ou
SMS) avec géolocalisation de l'appel afin de permettre aux forces de l'ordre d'intervenir
plus vite (3117 pour la SNCF ou 3246 pour la RATP) ;
- des personnels mieux formés pour favoriser une prise
en charge des victimes et une plus grande mixité dans les entreprises de
transport.
Les pouvoirs publics rappellent en outre qu'une
agression sexuelle est punie de cinq ans d'emprisonnement et 75 000 €
d'amende et le harcèlement sexuel de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 €
d'amende.
Les restaurants ferment tard, les hôtels sont ouverts 24 h/24 et les entreprises sont parfois isolées. Dans ce contexte, le personnel féminin, bien représenté dans les postes à l'accueil, en salle, au bar mais aussi dans les étages, doit inspirer une attention toute particulière pour le retour en fin de service mais aussi pour les prises de postes matinales, en particulier les week-ends, avec la déshérence dans les transports en commun de personnes alcoolisées à l'heure des sorties de boîtes de nuit.
L'organisation par l'employeur de déplacements collectifs avec une indemnité kilométrique au conducteur semble avoir, par exemple, les faveurs des traiteurs-organisateurs de réception. Le Syndicat français des maîtres d'hôtel d'extra (SFMHE) qui compte des sociétaires féminines, impose à ses clients ou employeurs un tarif kilométriques de 1,28 €/km pour le conducteur et une indemnité horaire aux passagers pour tous les déplacements collectifs vers un lieu de réception. Le raccompagnement d'une collaboratrice par son patron ou un collègue digne de confiance demeure l'un des usages les plus répandus. Dans les grandes entreprises de restauration et les chaînes hôtelières, le remboursement sur justificatif des frais de taxis après 22 heures est calqué sur les pratiques des agences d'hôtesses qui ont inspiré des usages spécifiques à l'emploi de personnel féminin. En tout état de cause, l'employeur ne doit pas s'inquiéter uniquement de la ponctualité de ses employées mais aussi de leur capacité à se rendre sur leur lieu de travail en toute sécurité. Condition pour trouver du personnel qualifié et motivé.
Publié par Francois PONT