L'Hôtellerie Restauration : Comment appréhendez-vous cette rentrée 2019-2020 ?
Philippe François : Les rentrées dans les lycées hôteliers à travers le monde s’annoncent plutôt bien. Partout, les demandes d’inscription affluent et ce, aussi bien pour se former aux métiers de la cuisine qu’à ceux liés à la réception, par exemple. Si je prends le cas de notre CAP de cuisine française, il a beaucoup de valeur au niveau international : les étudiants étrangers viennent se former en France et les écoles françaises exportent leur savoir-faire au-delà de nos frontières. C’est bon signe. Ce modèle peut sans doute être développé davantage encore, en impliquant nos régions jusqu’aux ambassades de France à l’étranger. Et pour cause : le secteur de l’hôtellerie-restauration ne connaît pas de chômage.
Face à une telle dynamique, que pourrait-on améliorer encore ?
Nous devons mieux nous adapter aux nouveaux profils d’étudiants que nous recevons dans nos établissements. Car les jeunes nés en 2000 n’ont rien à voir avec ceux nés en 1990. Ceux des années 2000 zappent, ils n’ont plus la même notion de carrière, ils vivent plus spontanément et savent qu’ils vont avoir plusieurs vies professionnelles. Autrefois, une fois diplômé, on rêvait d’entrer dans un grand groupe hôtelier, puis de grimper les échelons pour devenir directeur. Aujourd’hui, on passe d’une entreprise à une autre… Les jeunes sont prêts à changer de vie, de métier, et les questions de biodiversité comme celles de développement durable les intéressent.
Faut-il repenser la façon de former les jeunes à l’aube de 2020 ?
Comme l’expérience client, je pense qu’il faut créer l’expérience étudiant. Les jeunes veulent autre chose que le professeur et son cours. Ils attendent une nouvelle façon d’enseigner et de transmettre. Le cours magistral a toujours du sens, mais ce n’est qu’un outil. Les Millennials n’ont pas de 'maître', mais ils veulent bien un 'accompagnateur'. Il faut arriver à faire un lien entre l’école hôtelière et le ressenti du jeune, qui souhaite entrer dans une culture différente. Il faut créer de l’émotion, aller chercher de nouveaux points de contact entre l’école et l’étudiant.
Faut-il aussi revoir la façon d’évaluer l’étudiant ?
Il faut s’interroger sur l’efficacité du savoir appris à l’école, sur le service rendu à l’étudiant à l’issue d’une année de cours. Et je pousse ce parti pris jusqu’à avoir un retour du jeune sur sa notion de confort en classe, voire sa notion de plaisir en cours, de plaisir à apprendre. Si nous ne le faisons pas, nous les enseignants, ce sont les jeunes qui vont eux-mêmes le mettre en place : mais mieux vaut éviter ce scénario, faute d’en avoir la maîtrise. Nous devons donc agir dès maintenant, en impliquant les étudiants.
Quand aura lieu le prochain forum de l’ Amforht ?
Notre prochain forum mondial et notre assemblée générale auront lieu du 17 au 20 mai 2020 à Séoul, en Corée du Sud. Il est encore trop tôt pour donner les thèmes de nos débats, mais nous évoquerons certainement le cas des nouveaux profils d’étudiants. D’ici là, nous avons prévu une conférence nationale en Fédération de Russie les 22 et 23 janvier 2020, en partenariat avec la RUDN University à Moscou.
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Publié par Anne EVEILLARD
vendredi 16 août 2019