Fondée en 1988 par le businessman Hur Yung-In, 27ème
plus grande fortune de son pays, Paris Baguette aura donc mis 16 ans avant
d'oser s'implanter dans le pays du pain. Outre le nom bien français, la chaîne (groupe
SPC) utilise la Tour Eiffel dans son logo et colle un béret et une marinière
sur le dos de ses employés. Rien de tout cela en France, où elle a gommé ces
références un brin caricaturales. Côté offre, à emporte ou sur place, grâce aux
45 places assises, rien ne distingue Paris Baguette d'une boulangerie
traditionnelle bien française : des sandwiches, des salades
(5,70 euros), des viennoiseries, quiches, fougasses et des pains. Formule à
8,50 euros : sandwich-dessert-boisson, à 7,20 euros : salade-petit
pain-boisson, et entre 18 h et 20 h exclusivement, la formule « dîner
dessert » entre 3,65 et 5,65 euros comprenant un dessert et une baguette. Soulignons que Paris Baguette ne diffuse pas en France certaines spécialités (comme
les petits pains fourrés aux haricots rouges) qu'elle avait pourtant incluses en
Asie dans son concept français. Certes, la clientèle française aurait bien été
étonnée mais peut-être aussi apprécié cette découverte. Reste que justement,
les touristes asiatiques semblent contents de tomber sur leur Paris Baguette au
coeur de la capitale française, mais qu'ils sont un brin désappointés de ne pas
y retrouver cette offre adaptée à leurs goûts. Mais rien n'est définitif.
Cette ouverture en France, qualifiée par beaucoup
de joli coup marketing, est également une façon de s'approprier pour de
bon une identité française. La cocasserie voire l'ironie de voir une
boulangerie sud-coréenne s'installer en France n'a d'ailleurs pas échappé à nos
voisins européens et au-delà, avec des retombées presse impressionnantes sur le thème : un Sud-Coréen veut vendre de la baguette aux Français. Pour
un groupe aux ambitions clairement assumées côté développement international,
c'est une bonne opération pour sa notoriété. Le Moyen-Orient et l'Amérique du Sud sont les
prochaines cibles.