M.O.B. est son projet de vie, celui avec lequel il se sent le plus parfaitement en phase. « On produit 150 milliards de bêtes par an. Cela va passer à 200 milliards pour répondre à la demande des pays émergents. Or c'est la production qui est à l'origine du réchauffement climatique. Si on continue, ce sera une catastrophe », dit Cyril Aouizerate. Aussi, créer un restaurant « sans aucune matière animale » est devenu une évidence pour celui qui a renoncé à la viande il y a plus de 5 ans.
« Je ne voulais pas d'un restaurant militant qui culpabilise ses clients. On sait que, dans 20 ans, on ne pourra pas manger comme maintenant. Il n'y a rien de dramatique à ne pas manger de viande. Je veux séduire les carnivores. Il faut convaincre par le produit. Mon ambition, c'est de proposer une nourriture saine sans renoncer aux tentations de hamburger », explique le fondateur. Plus de deux ans de recherche ont été nécessaires pour relever le défi. Il a fait appel à un jeune chef new yorkais Neal Harden et au duo Alain Senderens/Jérôme Banctel, restaurant Senderens, 2 étoiles Michelin, à Paris.
Comment réaliser un steak sans viande avec un goût et une texture très proches de ce que le client connaît depuis toujours ? « C'est le résultat des recherches, donc je ne vous donnerai pas tous les ingrédients, mais il y a du riz, du maïs, des tomates séchées, un mélange d'épices… ».
La carte est courte. Le pain est fait sur place à partir d'une pâte de maïs. Le burger en version normale ou Deluxe comprend le fameux steak accompagné de champignons, d'aubergines grillées et d'oignons. Quant au burger sans pain, ce sont 3 feuilles de salades au-dessus et 3 en dessous qui permettent de le prendre en main. Une idée qui plaît.
La Mob, en forme d'arche, est aussi emblématique : pâte à base de farine de maïs, épinards, shiitakés grillés, sauce aïoli. Dans le Mob Dog, c'est la saucisse dont les cuisiniers ont dû retrouver le goût. « Elle a un petit goût de merguez et dans le pain, elle est agrémentée d'une sauce spéciale hot dog, des cornichons et de la choucroute". En dessert, cheesecake vanille ou chocolat avec une sauce « Noutella » ; des glaces au lait de soja parsemées de graines de grenade et bientôt un sorbet 100% fruits. Sur la serviette en papier, un slogan : "vegetarian food for carnivore". Mais cela ne veut pas dire que l'on ne boit que de l'eau. Des jus de fruits créatifs flirtent avec le vin présenté en verre et les bouteilles de champagne Ruinart.
Au sein de la Cité de la Mode et du Design, MOB est dans son élément. Outre le mur recouvert du rideau de stars, de longues tables (80 couverts) en bois clair. Un drapeau américain customisé avec les arches du pont de Brooklyn recouvre un autre pan de mur. Face à l'entrée, le comptoir ouvert sur la cuisine avec un micro à l'ancienne pour appeler les clients quand la commande est prête. A l'extérieur, surplombant la Seine, une vingtaine de places, et cinquante de plus en espace privatif. Un décor travaillé par Cyril Aouizerate avec les designers/architectes Kristian Gavoille et Valérie Garcia qui a été réalisé en deux mois.
5 salariés sont présents en permanence pour l'instant. Cyril Aouizerate table sur 300 couverts/jour avec un ticket moyen à 15 euros (25 euros dans l'espace privatif). Des animations seront mises en place rapidement. Des personnalités ne devraient pas tarder. Le fondateur veut un lieu ludique. Cela s'exprime dans son comic book branché dont le super héros carbure aux capsules de fruits et légumes. Entièrement créé pour MOB, le magazine est offert aux clients qui découvriront des jeux à l'intérieur comme « écrivez une lettre d'amour au perroquet » dessiné en dessous ou le masque à découper avec lequel le client doit se prendre en photo. S'il obtient le plus de votes en sa faveur sur Facebook, il remporte un aller-retour pour New York. Mais quel masque ? Celui du super héros.
Publié par Nadine LEMOINE