Le 18 janvier vers 18 heures, il y avait foule dans la brasserie parisienne de la famille Taurinya, à deux pas des grands magasins du boulevard Haussmann (IXe). C’est dans ce Café Opéra que Jean Castex a choisi de présenter deux nouvelles mesures destinées à redonner un coup de pouce aux hôteliers et restaurateurs, qui souffrent d’un manque à gagner, notamment à cause du télétravail imposé aux entreprises en raison de la pandémie. “Nous n’avons plus personne le matin au comptoir, ni à l’heure du déjeuner. Heureusement, avec la proximité du théâtre Mogador, quelques personnes viennent en début de soirée. Sinon, on ne ferait pas grand-chose”, a confié Marie-Françoise Taurinya, à la tête du Café Opéra.
Conscient de la situation délicate dans laquelle certains patrons se retrouvent, le Premier ministre, en présence d’Élisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l'Insertion, et de Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué chargé du Tourisme, a donc annoncé deux nouvelles dispositions à destination des entreprises de moins de 250 salariés. Ainsi les établissements qui ont perdu plus de 30 % de leur chiffre d'affaires en décembre et janvier, par rapport à 2019, peuvent bénéficier d'une aide au paiement des cotisations à hauteur de 20 % de la masse salariale. Quant aux entreprises qui ont perdu plus de 65 % de leur chiffre d'affaires, elles peuvent prétendre non seulement à l'aide au paiement des charges salariales - à hauteur de 20 % -, mais aussi à une exonération de cotisations patronales. En plus des CHR, les traiteurs, professionnels de l'événementiel et agences de voyages sont également concernés. “C'est une question parfois de survie pour les entreprises”, a reconnu Jean Castex.
Puis le locataire de Matignon a ajouté : “C’est tout sauf un cadeau à ces entreprises. C’est un soutien parce qu’elles sont affectées par des mesures que nous avons dû prendre, tel que le retour au télétravail. Mais, au final, je pense que tout le monde s’y retrouve, car laisser s’effondrer des parts entières de l’économie, ce serait des pertes d’emploi, de richesses et d’entreprises, avec un coût à l’arrivée qui serait nettement supérieur à celui que nous engageons aujourd’hui. Ces mesures sont aussi la sauvegarde d'une partie du savoir-faire, du savoir-vivre, de notre art culinaire français, et de la convivialité, auxquels nous sommes tant attachés.”
Un effort sur les bas salaires de plus de 1 000 € bruts par an
Les représentants du secteur des CHR étaient également conviés à s’installer sur les banquettes du Café de l’Opéra, aux côtés des ministres. L’occasion pour l’Umih, le GNI ou encore la CFDT d’aborder la problématique de l’attractivité du secteur. Car, selon jean Castex, “il reste plusieurs dizaines de milliers d'offres d'emplois non pourvues dans les hôtels et les restaurants”. D’où l’incitation de Matignon à l’ouverture de négociations entre les syndicats, pour revaloriser les salaires. Ce qui n’avait pas été fait depuis 2018. “Je voudrais féliciter les partenaires sociaux qui se sont engagés dans cette négociation, qui vient d’aboutir officiellement”, a souligné le Premier ministre. Un accord a donc été signé quant à une augmentation moyenne sur l'ensemble de la grille salariale de 16,3 %. À cela s’ajoute un effort sur les bas salaires, avec un minima désormais supérieur de 5 % au Smic, “soit une augmentation de plus de 1 000 € bruts par an”, a précisé Jean Castex. Il parle d’une “avancée historique”, mais aussi de “premier pas”. Les partenaires de la branche des CHR vont en effet poursuivre les discussions sur les conditions de travail, les horaires à rallonge et autres coupures, l'égalité hommes-femmes, sans oublier la rémunération des heures supplémentaires. Jean Castex croit au “dialogue social”. Une clause de revoyure est d’ores et déjà prévue fin janvier pour ajuster le dispositif, selon l'évolution de la situation sanitaire.
Publié par Anne EVEILLARD