Ainsi, à l'angle des rues de Bonnel et Garibaldi, après avoir franchi le parvis « Mère Richard » sacrée en son temps « reine du Saint-Marcellin » par son ami de Collonges au Mont d'Or, s'ouvriront les allées « Mère Brazier » du nom de la seule cuisinière de l'histoire notée deux fois à « trois étoiles » pour ses restaurants de la rue Royale et du col de la Luère. « Madame Andrée » sa digne élève doublement étoilée tant pour son restaurant de la rue Molière qu'en sa Sauvagie de Tassin. « Mère Léa » qui affichait son caractère sur un panneau apposée sur la charrette avec laquelle elle faisait son marché « Attention : faible femme mais forte gueule ». « Madame Camille » où, rue Mercière, Paul Bocuse aimait faire une halte après son marché quai Saint-Antoine. « Mère Guy » chez qui, sur les quais de Saône, l'impératrice Eugénie faisait une halte quand elle se rendait dans les Alpes (plus tard, les frères Foillard y obtinrent « trois étoiles » dans les années trente avant que leur « élève » Roger Roucou y soit noté à « deux étoiles » pendant quelques dizaines d'années. « Mère Bizolon », Clotilde de son prénom, qui réconfortait les poilus de la « Grande Guerre » en sa buvette devant la gare de Perrache. « Mère Vittet » qui, plus tard mais dans le même quartier, fut la première à Lyon à ouvrir son restaurant éponyme 7/7 et 24 heures/24. « Mère Filloux » enfin rue Duquesne chez qui Eugénie Brazier vint faire ses gammes et où un panneau indiquait que « ceux qui chantent à la fin du repas sont priés de ne pas monter sur les tables ». Une talentueuse cuisinière qui régalé ses contemporains pendant près d'un demi-siècle et dont l'acte de décès, sur les registres d'état civil de la ville, porte la mention « sans profession » ! Toutes ont disparu. Certains de leurs établissements aussi. Mais il y aura donc ce juste hommage…
Publié par Jean-François MESPLÈDE