Alors que l'office du tourisme de Paris annonce le
retour des touristes avec un taux de fréquentation équivalent à décembre 2014, les restaurateurs et hôteliers ont mis
en place, bien en amont, des stratégies de remplissage pour palier l'absence
des visiteurs étrangers.
Chez Moncoeur (Paris, XXe), "nous conservons toujours une table pour
les voisins quoi qu'il arrive", explique Orso Filippi, le propriétaire de ce restaurant
perché sur la colline
de Belleville. Il
désigne ainsi un monsieur qui traverse la place :
"C'est un voisin, il vient manger au moins
une fois par semaine. Les riverains sont des clients fidèles, il ne faut pas
les décevoir." Soigner le voisinage peut se révéler
judicieux pour éviter
les plaintes et les nuisances mais, au-delà des bons usages, les habitants du
quartier représentent
un formidable vivier de clients.
Des habitants
qui ne veulent plus entendre parler des locations saisonnières
L'hôtel Bass, établi au coeur des Abbesses (Paris, XVIIIe), l'a bien compris. Depuis un
an, le patron du groupe Madéhô, Antoine Arvis, a initié une campagne d'affichage pour séduire les Montmartrois. "Je suis arrivé en décembre à la
direction de l'hôtel Bass. La campagne était déjà lancée avec des retombées
mesurables. Nous offrons, selon la période, entre 10 et 15 % aux habitants du
quartier qui souhaitent, par exemple, accueillir leur famille pour des fêtes et qui ne peuvent pas la recevoir dans leur petit logement. Les
affiches, drôles et conviviales, invitaient les voisins à loger belle-maman
pour Noël chez nous à un tarif privilégié", explique Pierre-Antoine Fichaux, le directeur de l'hôtel. Il pense que cette stratégie de
proximité pourrait s'étendre
aux autres établissements de ce groupe de six hôtels parisiens, "même si à Montmartre spécifiquement, notre activité s'est
toujours partagée à parts égales entre les étrangers et les locaux."
Le directeur note le bon accueil du quartier qui
voit dans cette démarche la volonté de participer à la vie sociale en
facilitant les événements familiaux. Une stratégie qui s'inscrit à un moment
clé alors que la
ville de Paris et l'administration fiscale chassent les prédateurs de l'économie
participative qui ont fait fuir les Parisiens des quartiers touristiques. Les
voisins semblent préférer un service personnalisé à l'hôtel plutôt qu'une
location Airbnb au même prix car ils en subissent les nuisances, parfois au-dessus de
leur tête, dans leur immeuble.
"Nous avons beaucoup d'anecdotes comme cet habitant du quartier qui a
loué une chambre avec les 15% de remise parce qu'il avait perdu ses clés ou encore un couple victime d'une inondation qui est resté trois semaines chez nous", s'enthousiasme Pierre-Antoine
Fichaux, qui souhaite modifier son système de
réservation afin de mieux quantifier la fréquentation de son établissement par
les habitants du quartier. Et pour leur accorder la remise de 10 à 15 %, il n'envisage pas, dans un grand éclat de
rire, de "demander une preuve de résidence comme
la facture de la crèche !".
Publié par Francois PONT
mardi 2 mai 2017