Le Premier ministre, Manuel Valls, était l'invité du 20 heures de France 2, dimanche 7 décembre. Un sujet a particulièrement focalisé l'attention des médias : la remise en cause des 35 heures. Celui qui avait scandalisé son camp en 2011 en appelant à déverrouiller les 35 heures a depuis revu sa position. "Les 35 heures ont beaucoup évolué, a-t-il expliqué. Même la droite n'est pas revenue dessus. N'ouvrons pas de faux débats : il n'y aura pas de remise en cause de la durée légale du travail. D'ailleurs, la durée effective du travail en France est de 39 heures, supérieure à celle de l'Allemagne." Alors, ce débat méritait-il vraiment d'être rouvert ou ne s'agit-il pas de l'arbre qui cache la forêt ?
La durée légale du travail constitue la référence imposant à l'employeur de payer une majoration du taux horaire des heures de travail effectuées. Mais rien n'interdit de faire travailler un salarié au-delà de ce seuil. Ce que revendiquent les entreprises, et plus particulièrement les petites, c'est d'avoir plus de souplesse afin de pouvoir adapter le temps de travail de leur salariés à leurs activités.
La remise en cause des 35 heures ne faisait pas partie des revendications des 6 000 chefs d'entreprise à Paris et 4 000 à Toulouse qui ont manifesté le 1er décembre à l'appel de la CGPME. Ils demandaient au Gouvernement de revenir sur trois mesures synonymes de complexité administrative, d'insécurité juridique et de coûts supplémentaires. En ligne de mire, le compte personnel de prévention de la pénibilité, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain, et qui se révèle une véritable usine à gaz. Visée également, l'obligation d'informer préalablement les salariés en cas de cession d'entreprise alors même que la confidentialité est l'une des clés de la réussite de la transmission. Et enfin l'interdiction de recruter à des salariés temps partiel de moins de 24 heures, sauf motifs dérogatoires, ce qui décourage bon nombre d'employeurs d'utiliser ces contrats de peur de se retrouver hors-la-loi.
Mais sur ces sujets, le Premier ministre de s'est pas prononcé. Aucune remise en cause en vue. Au contraire, il a plutôt stigmatisé les manifestants : "Ce que je demande au patronat, c'est de ne pas jeter en permanence des débats sur la suppression de l'ISF, du smic, et de donner l'impression aux salariés que les choses n'avancent pas." Ce n'est pas la réponse qu'attendaient ces chefs d'entreprise.
Publié par Pascale CARBILLET