Le procédé est d'autant plus facile que le sinistre code pénal du sultanat vient d'inscrire comme sanction la peine de mort par lapidation pour l'adultère et l'homosexualité.
Mais défendre la cause ô combien essentielle du respect de la personne humaine et la lutte contre les châtiments dégradants ne saurait se confondre avec la stigmatisation d'entreprises dont les dirigeants, les salariés et les clients ne sont pas responsables des actes des actionnaires. Étendre ainsi la culpabilité relève non seulement d'une vision féodale du droit, mais également d'un dangereux aveuglement sur les réalités parfois inacceptables des relations humaines.
Concrètement, il y a une grande malhonnêteté intellectuelle à dénoncer par ricochet les clients du Plaza Athénée ou du Meurice qui se voient pratiquement dénoncés comme complices de l'application extrémiste de la charia sur un territoire dont ils ignorent jusqu'à l'emplacement sur la planète.
La réaction de François Delahaye, directeur opérationnel du Dorchester Group, se justifie par cette confusion des genres entre relations diplomatiques - qui seules peuvent permettre entre dirigeants politiques d'améliorer les situations dramatiques - et activités économiques, qui relèvent de décisions privées.
Au-delà des péripéties actuelles, qui risquent néanmoins de porter préjudice à l'image d'établissements prestigieux, il n'est pas recevable que des voix médiatiques puissent ainsi jeter l'opprobre sur le travail de milliers de salariés qui n'ont probablement jamais entendu parler du lointain propriétaire de l'entreprise où ils travaillent.
Et démagogie pour démagogie, Richard Branson, patron de Virgin, a-t-il une seule fois demandé un brevet de bonne conduite aux fournisseurs ou aux clients de ses magasins, ou a-t-il vérifié la 'pureté morale' des passagers de ses avions ?
Publié par L. H.