L'Hôtellerie Restauration : Le personnel hôtelier est en contact avec les clients, comment protéger ses collaborateurs ?
Christian Perronne : Le principe de précaution s’applique aux personnes fragiles à qui il faut proposer de rester à la maison. À l’hôpital, nous demandons aux personnes en contact avec les patients (caisse, accueil…) de porter des masques simples (chirurgicaux). Évidemment, c’est plus inquiétant à la réception du Plaza Athénée, mais si nous passons en phase 3, l’usage du masque pourrait devenir moins inhabituel.
Les femmes enceintes font-elles partie des populations à risques ?
CP : En 2009, lors de la crise du H1N1, nous avons constaté qu’elles étaient plus en danger. Même en grippe saisonnière, on s’est aperçu que la grossesse, comme l’obésité, étaient des facteurs de surmortalité. Pour le Covid-19, nous n’avons pas d’études disponibles mais le principe de précaution incite à plus les protéger.
Les hôtels doivent-il s’interroger sur les systèmes d’assainissement de l’air ?
CP : Des vendeurs de machines de purification de l’air, nous en avons vu plein autour de nos hôpitaux pendant la pandémie de grippe H1N1. Il faudrait demander à des experts, des ingénieurs, car je ne suis pas compétent. Mais il existe sans doute des modèles de filtration qui fonctionnent bien. Cela doit être évalué.
Boutons d’ascenseur, interrupteurs, faut-il favoriser les déclenchements automatiques ou vocaux ?
CP : Se gratter le nez après avoir appuyé sur un bouton d’ascenseur n’est pas recommandé. Il suffit de se laver les mains et ne pas se toucher le visage, cette règle de base est suffisante.
Bernard Boutboul : Crise ou pas crise, c’est le sens de l’histoire, de l’hygiénisme, mais pour l’heure, je ne vois pas beaucoup ce type d’équipements.
Comment entretenir les toilettes des chambres comme des parties communes en période épidémique ?
CP : Le Covid-19 est très sensible à tous les antiseptiques d’hygiène. Sur une surface sèche, le virus peut survivre au moins 3 heures, par contre si c’est une surface liquide qui stagne, il peut résister plusieurs jours : dans un bac à savon ou une gamelle, par exemple. Pour le nettoyage de tasses, d’assiettes, de vaisselle, il me semble bien d’équiper les personnels de plonge avec des gants. Au sujet des toilettes, on peut trouver du virus dans les selles, mais il n'y a pas de cas documenté de contamination par la fréquentation des WC. Renforcer l’hygiène est cependant bénéfique en incitant au nettoyage des mains avant de sortir des toilettes. Il faudra peut-être porter une attention particulière au sèche-mains si le souffle projette vers le haut et que l’appareil contient un dépôt de liquide. Des particules contaminées pourraient dans ce cas être projetées.
BB : Nous savons que les clients fréquentent de moins en moins les toilettes des cafés, hôtels et restaurants. Ils se retiennent. La bonne initiative serait d’augmenter les fréquences de visites des toilettes et de le faire savoir. Chez McDonald's, c’est toutes les 10 minutes. Ça rassure, surtout lorsqu'un affichage avec l’heure et une signature informent clairement des passages.
Et le nettoyage des chambres ?
BB : Les hôteliers devraient signaler les chambres avec un tampon, une affiche, une pancarte barrée d’un 'vérifiée d’un point de vue des bactéries et virus'. Il faut assainir et communiquer. Toutes les surfaces planes doivent être traitées avec des produits antiseptiques. Un réflexe qui pourrait devenir durable. Enfin, dans le contexte actuel, croiser une femme de chambre qui porte des gants sera rassurant pour le client.
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Publié par Francois PONT
dimanche 9 août 2020