File voire double-file de taxis, berlines avec chauffeurs, vans, motos-taxis… en période de fashion week, les voituriers parisiens ne chôment pas. En particulier devant les palaces et les hôtels 5 ou 4 étoiles du triangle d’or, de Saint-Germain-des-Prés et du Marais. Car c’est là que les figures de la mode aiment se retrouver, donner rendez-vous, boire un verre… Une effervescence qui contraint ces hôteliers à s’adapter, en adoptant les codes de ceux qui font la mode, le temps des défilés printemps-été et automne-hiver. Les premiers ont lieu en hiver, les seconds en été.
“On s’y prépare psychologiquement et physiquement”, confie Olivier Cambournac, chef concierge de l’Hôtel de Crillon, à Paris (VIIIe). Il parle d’un “flux intense et constant, dès les 48 heures avant le premier défilé”. Un flux de clients, bien sûr, mais aussi de figures de maisons de luxe, livreurs de fleurs, coursiers chargés d’apporter des invitations estampillées VIP pour assister à un cocktail, un dîner… “Le plus difficile, c’est de ne rien perdre et ne pas se laisser déborder par toutes les sollicitations”, poursuit Olivier Cambournac. Pour cela, il demande aux membres de son équipe de ne pas prendre de vacances en période de fashion week. Autre de ses réflexes : “Mener en amont un travail de recherche des lieux les plus en vue du moment, des nouveaux bars et restaurants… Car on nous demande souvent, à la dernière minute, de réserver une table dans un lieu atypique.”
“Notre service majordome est très apprécié durant une fashion week”
Au Prince de Galles (VIIIe) aussi, on s’organise à l’approche d’une fashion week. Acheteurs de grandes maisons de couture, clients qui suivent les défilés, mannequins, journalistes, influenceurs… tous les profils passent dans l’établissement durant la période des shows parisiens. “Chacun a ses demandes bien spécifiques ”, constate Isabelle Vigneron, responsable ventes, groupes et événements au Prince de Galles. Par exemple, les mannequins en jet lag aiment se détendre dans leur chambre ou au spa, entre leurs défilés de la journée et les invitations aux cocktails qu’elles enchaînent ensuite le soir. “Il faut être réactif”, reconnaît Julien Bouillaud, coordinateur accueil et relation client du Prince de Galles. “Notre service majordome, prolongement du service concierge jusque dans les chambres, est très apprécié durant une fashion week”, souligne pour sa part le chef concierge du Crillon. À cela s’ajoutent les attentes particulières côté restauration : au petit déjeuner, notamment, l’hôtel Bachaumont (IIe) veille à multiplier les propositions vegan, tout comme le Monte Cristo (Ve) qui mise en plus sur le sans gluten. En chambre, les hôteliers prévoient des miroirs, portants, cintres et autres valets supplémentaires, “car certains clients peuvent se changer plusieurs fois par jour”, explique Olivier Cambournac. Ces équipements et accessoires servent aussi à métamorphoser des suites en showrooms éphémères, qui se louent alors à prix d’or dans le VIIIe arrondissement comme dans le Marais. Certains laissent entendre que lors d’une fashion week, le taux d’occupation des hôtels parisiens étant à son maximum, le tarif des chambres augmente d’environ 15 %. Mieux : certaines suites, comme les Grands appartements décorés par Karl Lagerfeld au Crillon, se réservent d’une fashion week à l’autre, soit six mois, voire un an à l’avance.
En profiter pour créer des événements liés à la mode
Enfin, deux types d’hôtels se distinguent durant les fashion weeks à Paris. Ceux, comme le Bachaumont, où “la clientèle liée aux défilés passe peu de temps à l’hôtel, car elle est très occupée. Nous nous concentrons surtout sur l’organisation et notamment la remise en chambre des invitations, livraisons, cadeaux…”, détaille le service presse de l’établissement.
Et ceux, comme le Prince de Galles, qui profitent de cette actualité pour créer des événements. Isabelle Vigneron et Julien Bouillaud citent par exemple un dîner privé, dressé dans une suite de l’hôtel pour une quinzaine de proches du créateur Marc Jacobs, mais aussi l’exposition Allure 90+10. Celle-ci réunit photos et vidéos de l’artiste Ali Mahdavi mettant en scène le top model Anna Cleveland, égérie de Jean Paul Gaultier et ambassadrice de la maison Bulgari. Installée depuis cet automne, cette exposition dure jusqu’au printemps 2020 : elle sera donc l’une des touches mode du Prince de Galles pour la fashion week de janvier.
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Publié par Anne EVEILLARD