En région parisienne, "les acquéreurs restent attachés à des secteurs où le pouvoir d’achat est élevé, et où la clientèle rencontrée est agréable, touristique", résume Jérôme Guillotin. Le secteur de la restauration constitue 71 % des transactions de Century 21 Horeca en Île de France. Le dirigeant constate qu’une tendance s’est installée depuis certains évènements dans la capitale (attentats, gilets jaunes, grèves) : "la banlieue attire désormais des investisseurs parisiens. Des clients importants – qui ont parfois 5 ou 6 brasseries – sont excédés par tous ces désagréments et se tournent vers des départements attractifs comme les Hauts-de-Seine ou le Val-de-Marne, selon la qualité de la ville. Certains mixent ainsi des activités à Paris et en proche banlieue", indique-t-il. Des villes comme Versailles ou Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), où les commerces se portent bien, sont en revanche déjà trop éloignées. "Ce n’est plus le même marché, ni la même clientèle ou valorisation : à chiffre d’affaires égal, à rentabilité égale, un commerce se vendra moins cher qu’à Paris. La grande banlieue répond à des codes différents, et les acquéreurs sont plutôt locaux", analyse-t-il.
De nombreux primo-accédants
Au global sur le marché de l’immobilier en Île de France, la vente de fonds de commerce CHR a baissé de 11 % entre fin 2022 et fin 2023. Un contexte défavorable, des bilans moins bons… "mais souvent ces périodes annoncent du rebond ", assure Jérôme Guillotin. Une tendance au primo-accédant se maintient : "beaucoup de gens sont en reconversion. Certains sont accompagnés par des financiers, d’autres ont de grandes idées mais pas d’argent ! Nous rencontrons tout type de profils d’acquéreurs. Leur point commun est l’envie d’entreprendre, de monter un projet", remarque le dirigeant. Ils demandent en priorité une extraction d’un gros diamètre, une licence IV, et une terrasse. Des catégories claniques ou ethniques investissent dans certains secteurs : les bars-tabacs sont prisés des asiatiques, les bistrots de l’est parisien des kabyles. Les auvergnats restent dominants sur les belles brasseries parisiennes, et les chaldéens (chrétiens originaires d’Orient) sur les bars-tabacs et les brasseries dans le Val d’Oise. La culture du bistrot, du bar-brasserie reste forte en Île de France.
Publié par Laetitia BONNET-MUNDSCHAU