“Je deviens une pro du confinement au lieu d’être une proactive !” Alexandra Lorin-Guinard ne décolère pas. En octobre 2019, avec son mari, elle a ouvert Les Jardins de Coppelia, à Pennedepie (Calvados). Cet hôtel haut de gamme, avec restaurant et spa, n’a pu voir le jour qu’après “un investissement de plusieurs millions d’euros”. En indiquant cela, elle ne veut pas “faire pleurer”. Elle veut plutôt tirer la sonnette d’alarme en tant que “jeune entreprise qui ne rentre pas dans les cases des dispositifs gouvernementaux, mis en place pour faire face à la Covid-19”, et insiste : “On se plaint de ne pas pouvoir travailler.” Alexandra Lorin-Guinard confie avoir 51 000 € de charges mensuelles lorsque son établissement fonctionne. Or, mises bout à bout, les aides gouvernementales auxquelles elle a droit ne suffisent pas. D’autant plus qu’au regard des bons résultats de l’été, elle a dû réembaucher. À la sortie du premier confinement, les équipes des Jardins de Coppelia sont, en effet, passées de 17 à 30 salariés. “La rentrée de septembre ne s’annonçait pas si mal, avec les vacances de la Toussaint en ligne de mire. Puis, il y a eu un arrêté préfectoral qui nous a contraints à ne plus servir de clients après 22 heures, le couvre-feu a suivi, ainsi que la fermeture des bars. Nous avons mis en place un forfait ‘on dîne-on dort’ à 70 € la nuitée. Nous avons proposé une offre de télétravail à l’hôtel… Bref, on a tout fait pour garder la tête hors de l’eau, puis on nous a reconfinés”, détaille Alexandra Lorin-Guinard. Une sorte de “coup de grâce”, souligne la directrice des Jardins de Coppelia : “Le peu d’argent que l’on avait économisé fond désormais comme neige au soleil.” Actuellement, ses équipes sont au chômage partiel et “ce ne sera pas simple de les remettre au travail, quand nous serons déconfinés”. Quant au prêt garanti par l’État, elle le voit plus comme une façon de “créer de la dette” que comme une aide. “Nos banques aussi sont disposées à nous prêter encore de l’argent. Mais, à terme, comment allons-nous les rembourser ?”
“Un Grenelle dédié à la sortie de crise”
Le 16 novembre dernier, Alexandra Lorin-Guinard a commencé à faire circuler une pétition. L’idée de départ : rallier à sa cause les hôteliers et restaurateurs récemment installés. Sauf qu’elle s’est vite aperçue qu’elle n’attirait pas que des professionnels de son secteur, mais “les jeunes entreprises en général, y compris les autoentrepreneurs”. Dans sa pétition, elle réclame au Gouvernement “une évaluation du montant du fonds de solidarité en fonction des besoins de trésorerie de chaque entreprise, avec un interlocuteur unique”, “un rééchelonnement de droit des crédits bancaires pour les entreprises ne bénéficiant pas de trois exercices clos et un étalement de droit de l’amortissement du PGE” ou encore “une exonération des charges sociales et fiscales pour l’année 2021”. À cela s’ajoute “un Grenelle dédié à la sortie de crise, pour réunir tous les acteurs, trouver des solutions pérennes, transversales et en toute concertation”. Alexandra Lorin-Guinard attend d’obtenir 10 000 signatures pour envoyer ses requêtes au Premier ministre, puis demander au président de la République “la création d’une mission consacrée aux jeunes entreprises”. “Je ne vais rien lâcher”, dit celle qui pensait rouvrir Les Jardins de Coppelia pour Noël, mais qui risque de patienter jusqu’au printemps avant de refaire un check in.
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Publié par Anne EVEILLARD