Le Gouvernement met la pression sur les fournisseurs d'énergie

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances et Olivia Grégoire, ministre des PME, ont reçu jeudi 5 janvier en fin d’après-midi les représentants des hôteliers et des restaurateurs avant de rencontrer le lendemain les fournisseurs d’énergie afin de trouver des solutions pour ramener les tarifs d’énergie à un niveau raisonnable.

Publié le 23 mars 2023 à 13:27

"Nous avons eu une discussion avec les ministres dans un climat serein, direct et de confiance", déclare Didier Chenet, président du GHR (GNI-SNRTC-SNRPO).

Cet entretien avait pour objet de trouver des solutions pour les professionnels de notre secteur alors que les prix de l’énergie explosent et menacent la pérennité de nos entreprises. Très peu d’entre eux ayant signé des contrats avec des tarifs réglementés. Et à ce jour, seulement 17 % d’entre eux ont eu accès au bouclier tarifaire. Didier Chenet et Hervé Disjols vice-président du GHR, ont demandé l’extension de ce bouclier à l’ensemble des entreprises sans condition.
Le ministre de l’État a rappelé que l’État sera présent pour accompagner les professionnels en difficultés, mais que cette proposition était trop onéreuse pour les finances publiques.

En revanche, il a évoqué un prix de référence de l’électricité sur lequel les professionnels pourront s’appuyer pour renégocier leur contrat auprès de leurs distributeurs.

Pour ce faire, les professionnels seraient invités à saisir le médiateur du crédit auprès des préfectures. Ce prix serait de l’ordre de 280 € le Mwh.

Même si cette solution n’est pas totalement satisfaisante dans la mesure où les professionnels resteraient ainsi à la merci de la bonne volonté (ou non) de leur fournisseur, Didier Chenet a demandé qu’il soit exigé de ces fournisseurs, la désignation par chacun d’entre eux d’un interlocuteur unique en charge de tenir ces négociations. L’objectif est de pouvoir à tout le moins obtenir ce prix de référence.

Afin de nous assurer de cette solution, le ministre a invité un représentant du secteur des CHR et des boulangers à participer avec lui et Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, vendredi 6 janvier 2023 à une nouvelle réunion avec, cette fois, les fournisseurs d’électricité.

Mais peu de temps avant la réunion, le ministre de l’Économie a informé les deux représentants des CHR et des boulangers qu’ils n’étaient plus conviés à participer à cette réunion. "Cette décision ne me semble pas de bon augure pour un règlement rapide de nos problèmes alors que je le rappelle, cette rencontre a pour objet d’organiser la renégociation des contrats d’électricité dont le prix est supérieur à 280 € /MWh", déclare le président du GNI. Mais juste avant le début de la réunion, TotalEnergies Electricité et Gaz de France ont proposé de ramener les contrats des TPE à un prix annuel moyen de 320 € HT le MWh.

Si les fournisseurs d’énergie s’étaient engagés à renforcer l’aide aux entreprises et aux collectivités dans une charte signée avec le Gouvernement en octobre dernier, le compte n’y est pas. Bruno Le Maire reconnaissait lui-même que tous les fournisseurs ne jouaient pas le jeu et que certains d’entre eux avaient mis le couteau sous la gorge des professionnels en leur laissant un délai de 24 heures pour renégocier leur contrat ou en leur imposant des conditions draconiennes.

Le Président de la République s’est lui aussi invité dans le débat en demandant plus de soutien pour les petites entreprises.

Emmanuel Macron demande aux fournisseurs de renégocier avec les TPE

Jeudi 5 janvier, lors de la cérémonie de la galette des rois à l’Élysée, Emmanuel Macron a demandé aux fournisseurs d’énergie de renégocier les contrats excessifs de toutes les TPE.

Le Président de la République a promis que tous les petits entrepreneurs seraient aidés face à l’explosion de leurs factures. "On va accompagner toutes les TPE, tous les moins de dix salariés sur cette affaire. J’en ai comme vous assez qu’on ait des gens qui, sur la base de la crise, fassent des profits excessifs, a dénoncé le chef de l’État. Pour nos bouchers, nos artisans, pour l’ensemble de nos très petites entreprises, tous ceux qui ont négocié des contrats excessifs… Ce qu’on va demander, dès maintenant aux fournisseurs d’énergie, c’est de revenir vers chacun d’eux et de les renégocier. Tous ces contrats qui sont au-dessus des prix de référence données en fin d’année dernière par la Commission de régulation de l’énergie, c’est-à-dire autour de 280 euros du mégawatt/heure, seront renégociés en janvier", a-t-il précisé.

L’Umih souhaite la fixation d’un tarif de référence de l’électricité et du gaz, réglementé et encadré

Thierry Marx, président confédéral de l’Umih, était à Bercy à l’invitation de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, pour porter la parole des restaurateurs et des hôteliers. Il a expliqué que l’hôtellerie-restauration était confrontée aux mêmes difficultés que les boulangers en pointant l’impact de l’augmentation du prix des denrées alimentaires dans la restauration qui représente 25-30 % du coût de fabrication d’un plat.

Sur l’envolée des factures d’énergie, il a fait part des situations dramatiques dans lesquelles se trouvaient des adhérents en présentant des factures d’électricité et des contrats reçus par l’Umih nationale de toute la France et notamment celle d’un restaurateur de Perpignan qui a vu sa quittance de décembre augmenter de près de 1700 % pour passer de 703,00 € à 11 792,00 €.

Sur les dernières annonces du Président de la République, l’Umih prend acte de la demande faite aux fournisseurs d’énergie de renégocier en janvier les contrats excessifs de toutes les TPE mais a tenu à souligner que les fournisseurs d’énergie y étaient déjà tenus par la charte du 5 octobre 2022.  Aujourd’hui, l’Umih réclame que cette mesure soit étendue à l’ensemble des PME. Le Président de la République, n’ayant mentionné que les TPE, soit les entreprises ayant moins de 10 salariés.

L’Umih demande également que la définition de ce qui relève des tarifs excessifs, voire prohibitifs, ne soit pas laissée à la libre appréciation des fournisseurs d’énergie.

L’Umih réclame, pour cela, la fixation d’un tarif de référence de l’électricité et du gaz, réglementé et encadré, qui serve de calcul à la mise en place d’un "contrat énergie responsable" acceptable par nos entreprises. Nos entreprises voient leurs factures d’énergie continuer à flamber (x 8 ou x 10) alors que le prix de l’énergie est revenu à son niveau d’avant le début de la guerre en Ukraine.

Si les fournisseurs d’énergie n’obtempèrent pas, Thierry Marx, président confédéral de l’Umih, demande au Gouvernement de mettre à exécution sa menace de taxation de leurs profits pour financer ce "contrat énergie responsable".

Sur les aides, l’Umih a demandé d’étendre à tous les restaurateurs et les hôteliers, la proposition du Gouvernement d’écrire aux boulangers. Ce mail d’information renvoie sur un simulateur simplifié pour permettre aux entreprises de savoir si elles peuvent bénéficier des aides.

"Pour les entreprises éligibles à ces aides, nous avons réclamé la simplification du dispositif en place qui est aujourd’hui vécu comme une ‘usine à gaz’", conclut le président de l’Umih.


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Publié par Pascale CARBILLET



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