#Coronavirus : la réouverture des hôtels, cafés et restaurants, quand, comment et à quel prix

Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants, signe cette tribune dans laquelle il met en exergue les difficultés pratiques qui s'annoncent à la réouverture des établissements. Le dirigeant de l'organisation professionnelle va participer à la conférence téléphonique prévue vendredi 24 avril avec le président de la République, Emmanuel Macron, sur l'avenir du secteur.

Publié le 22 avril 2020 à 19:22

Quand ?

Alors que le « déconfinement » doit commencer le 11 mai, les cafés et restaurants demeureront « fermés à ce stade » a indiqué le Président de la République. Les hôtels, qui ne font l’objet d’aucune mesure de fermeture, n’accueillent plus aucun touriste en raison du confinement mais aussi de la fermeture des frontières. Le secteur est à l’arrêt et tous les professionnels attendent de connaître la date à laquelle ils vont enfin pouvoir reprendre leur activité. Tous, oui. Mais pas avec la même impatience car ils sont de plus en plus nombreux, hôteliers, cafetiers, restaurateurs à ne pas vouloir rependre immédiatement une activité dont ils savent à l’avance qu’elle ne sera pas comme avant.

Comment ? 

Comment faire pour que la réouverture de nos établissements se fasse dans les meilleurs délais et au mieux ? Comment redevenir les lieux d’hébergement, de rassemblement et de convivialité que nos clients attendent alors que l’épidémie de covid-19 nécessite précisément le respect d’une certaine distance de sécurité voire le port d’un masque camouflant la moitié du visage ? Comment assurer un équilibre financier avec une activité dégradée et des contraintes sanitaires qui mettent à mal nos modèles économiques ?

Mise en place d’un protocole sanitaire

Le Président d’Accor, Sébastien Bazin a été nommé par le gouvernement « coordinateur sanitaire » en vue d’établir avec les professionnels un protocole sanitaire définissant les standards pour l’hébergement et la restauration. L’objectif de ce guide est de permettre l’emploi des salariés et l’accueil des clients en toute sécurité. La mise à disposition de ce protocole, au bénéfice des professionnels permettra de préparer la réouverture des établissements, d’en fixer la date et de créer le climat de confiance indispensable à toute reprise de notre activité. Mais pour qu’il soit pleinement efficace ce protocole sanitaire devra remplir deux conditions majeures, et être associé à un indispensable accompagnement financier de l’Etat, des Collectivités Territoriales et des Assureurs, afin de convaincre les chefs d’entreprise de rouvrir.

Responsabilité des chefs d’entreprises

Tout d’abord, ce protocole sanitaire doit permettre à chaque chef d’entreprise de satisfaire à son obligation de moyen de garantir la sécurité de ses salariés et de ses clients. Aucun restaurateur, aucun cafetier, aucun hôtelier n’acceptera de rouvrir son établissement avant d’avoir reçu l’assurance que sa responsabilité pénale ne sera pas engagée en cas de contamination de l’un de ses salariés ou de l’un de ses clients. C’est un préalable indispensable qui nécessitera une position claire et non équivoque.

Compatibilité de ce protocole sanitaire avec le modèle économique de nos métiers

C’est là, toute la difficulté d’un tel exercice. A titre d’exemple, une réduction arbitraire du nombre de tables dans un restaurant, afin de s’assurer du respect des distances de sécurité, pourrait conduire un professionnel à travailler à perte. Ce protocole devra être en mesure de garantir à nos professionnels un minimum de leur capacité d’accueil. Le manque durable de touristes causera les mêmes problèmes de rentabilité à nos hôteliers .Les Prêts Garantis par l’Etat n’ont pas pour objet de financer des pertes qui deviendraient récurrentes de mois en mois !

Indispensable accompagnement financier de l’Etat, des Collectivités Territoriales et des Assureurs

Dès la réouverture, un dispositif de réduction des frais de personnel et d’incitation à la reprise d’activité doit être mis en œuvre. La poursuite de la prise en charge des salariés au titre du chômage partiel est indispensable car l’ensemble des effectifs ne pourra pas être mobilisé à l’occasion d’une reprise qui sera à l’évidence progressive. Il n’y aura aucun ‘rush’ dans les cafés, les restaurants ou les hôtels lors de leurs réouvertures. Pour autant il faut inciter à cette réouverture et pour ce faire exempter de charges sociales les entreprises afin de rendre le coût du travail moins cher. Cette exemption des charges sociales patronales, autant de temps que ce sera nécessaire, sera le signal fort qu’attendent les chefs d’entreprises qui ne demandent qu’à retravailler. Au-delà de la période de la réouverture, un accompagnement à moyen et long termes devra être assuré à nos professionnels dans le cadre d’un fonds d’investissements dédié aux HCR et doté par l’Etat, les Collectivités Territoriales et les Assureurs.  La mission de ce fonds sera double : Intervenir auprès des entreprises pour leur assurer des fonds nécessaires à leur développement pérenne par apport en fonds propres, en quasi fonds propres ou obligations convertibles. Et participer à la reprise en mains, par les acteurs du Tourisme Français, de leur distribution en dotant le secteur des outils numériques nécessaires. Création d’une plateforme de réservation en France en s’appuyant sur l’expertise des pépites de la French-tech, Atout France, les leaders français du secteur, et le Comité de Filière Tourisme dont le rôle de sa commission numérique sera majeure. Faute de quoi certains professionnels préfèreront, ou n’auront d’autre choix, que de fermer leurs établissements, licencier leur personnel, ou retarder leurs ouvertures, et qui saurait les en blâmer.

Covid19 #virus# Covid19 Didier Chenet GNI



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