L'Hôtellerie Restauration : Dans le domaine de l'orientation, les métiers de la restauration sont souvent mal perçus. Quelles sont vos idées pour mieux communiquer sur ces métiers, leur avenir, sachant que ce secteur est le premier pourvoyeur d'emploi depuis ces dernières années ?
Thierry Repentin : La branche hôtellerie restauration a conscience des difficultés d'image que rencontrent encore parfois ses métiers et a mis sur pied un plan d'action adapté : amélioration de la qualification des salariés, développement du tutorat, politiques d'intégration des nouveaux embauchés, multiplication des certifications... Le rôle de l'Etat est d'appuyer ces initiatives et de faire mieux connaître pour chaque jeune de notre pays tout l'éventail des métiers qui s'offrent à lui, au-delà des idées préconçues qu'ils peuvent en avoir. Et c'est avant ainsi que j'entends mener ma mission. Le ministère de la formation professionnelle et de l'apprentissage accompagnera la démarche des professionnels de l'hôtellerie-restauration et restera attentif à l'adaptation des outils qui rendent possible ce travail de la branche. Il sera également mobilisé, aux côtés des collectivités locales, dans les actions de promotion de la diversité des métiers.
On compte environ 150 000 à 180 000 jeunes en réorientation, le secteur de la restauration offre des perspectives diverses de carrières, d'évolution et d'emplois. Pouvez-vous me dire si votre ministère est prêt à s'associer avec les ministères du travail, du tourisme, des études supérieures, pour un travail en commun pour simplifier et organiser les voies d'accès de ces jeunes à nos professions ?
La coopération entre ministères et avec les partenaires sociaux est indispensable. J'y serai particulièrement vigilant car c'est le sens de l'engagement pris au cours de la Grande conférence sociale de dresser un bilan du service public de l'orientation dès l'automne prochain. Il permettra, d'élaborer une politique d'orientation adaptée aux besoins de nos concitoyens tout au long de leur vie professionnelle ... car l'on doit aussi pouvoir choisir les métiers de l'hôtellerie-restauration en seconde carrière, à 30, 40 ou 55 ans !
Vous prônez actuellement « le besoin de formation des jeunes ». Pensez-vous à créer des certificats de qualification professionnelle (CQP) ?
François Hollande a placé les jeunes au coeur de son quinquennat. Favoriser leur insertion professionnelle est l'un des objectifs majeurs du Gouvernement. Parmi les jeunes, ma priorité ira aux moins qualifiés car ce sont eux qui ont le plus besoin de la solidarité nationale. Tous les acteurs doivent se mobiliser autour de cet objectif : les partenaires sociaux, les collectivités, l'Etat. Quelques semaines après la Grande conférence sociale, j'en vois les premiers signes avec l'engagement de mobiliser de manière complémentaire les différentes voies de formation professionnelle, de renforcer la lutte contre toutes les formes de « décrochage » et en ouvrant enfin le chantier du « droit à la formation initiale différée ». S'agissant plus précisément des certificats de qualification professionnelle, je rappelle que leur création relève de l'initiative de la branche. L'Etat peut quant à lui créer des titres professionnels, 9 à ce jour. Si des manques et des besoins insatisfaits se révélaient, l'Etat chercherait bien sûr à les combler.
Quels sont, selon vous, les atouts de la formation en alternance pour un jeune qui cherche à intégrer le secteur de l'hôtellerie-restauration ? Pour les enseignants ? Pour les professionnels ?
La formation en alternance est gagnante pour tout le monde. Le jeune acquiert une certification reconnue en même temps qu'une expérience professionnelle et un salaire pour financer ses études. L'enseignant accompagne des jeunes motivés par leur choix professionnel et au contact direct de l'évolution du métier. L'entreprise, enfin, accueille un apprenti formé aux techniques les plus récentes, dans des conditions économiques avantageuses tout en valorisant ses salariés tuteurs. C'est en outre une excellente méthode de pré-recrutement même si je voudrais que l'apprentissage soit plus encore souvent suivi d'un recrutement.
Tous secteurs confondus, les étudiants bénéficient en général de nombreux services (l'accès au Crous par exemple). À quoi peuvent prétendre les apprentis en HR ?
Les alternants peuvent désormais bénéficier d'une carte d'étudiant des métiers qui leur ouvre les mêmes droits que les étudiants de l'enseignement supérieur, que ce soit dans le commerce (restauration, produits culturels...) ou dans les restaurants universitaires. Malheureusement, un point noir majeur demeure le logement des apprentis. C'est un des dossiers que j'entends examiner de près afin que l'Etat soutienne le développement de solutions de logement pour les apprentis.
Quels sont les prochains chantiers ou changements majeurs à venir dans l'enseignement pour le secteur HCR ?
La réforme de la voie professionnelle, consistant notamment en la suppression des BEP et l'absorption des CAP dans le baccalauréat professionnel en trois ans au lieu de deux, a induit des restructurations profondes. Elles nécessiteront une évaluation scrupuleuse avant toute éventuelle réforme. Cette évaluation devra associer l'Education nationale et les branches professionnelles.
Publié par Propos recueillis par Hélène Binet