Shwe Sa Bwe, la table d'or en birman, c'est une école comme les autres, avec ses salles de classe, ses cuisines, son restaurant d'application et même deux chambre d'hôtel. La différence est qu'ici, à Yangon, au sud du Myanmar (ex-Birmanie), la formation dispensée sur onze mois est gratuite. Et les élèves viennent des quatre coins du pays, parfois de zones très reculées. Ils ont été sélectionnés sur entretien : les plus motivés, ceux qui avaient le plus envie d'apprendre un métier et d'acquérir un savoir-faire très demandé au Myanmar, où le tourisme explose, se sont vu proposer une occasion en or. Logés et nourris, la petite vingtaine d'étudiants apprend ici les bases du métier de cuisinier ou serveur.
S'adapter à la culture
Former de jeunes birmans n'est pas une tâche aisée. "Il y a 50% d'abandon, glisse François Stoupan, qui a fondé l'école en 2011. Certains se rendent compte que le métier ne les intéresse pas du tout. D'autres trouvent cela trop dur. Beaucoup étaient à ne rien faire au village, l'écart est parfois trop grand." Sans compter un niveau de base très différent. "Ils n'arrivent pas avec la même connaissance que nous, note Margot Mongibeaux, directrice du département service. Ils n'ont jamais été client dans un restaurant. Ils ont tout à apprendre." Il faut donc leur inculquer les bases du service, comment se comporter, parler au client, servir. "Le premier mois, nous leur faisons faire des petits scènes de théâtre, des mises en situation pour leur apprendre à jouer, à se comporter." Autre difficulté et non des moindres : apprendre à connaître, apprécier pour pouvoir mieux les mettre en valeur, les mets qu'ils servent.
Les élèves sont initiés à la cuisine française. "Le restaurant fait bistrot le midi et gastronomie le soir, pour permettre aux élèves d'appréhender un répertoire de recettes plus larges." Des chefs passent régulièrement former les jeunes sur des thématiques particulières. Le rêve de François Stoupan serait de trouver un chef prêt à leur enseigner l'art de la pâtisserie. Avis aux volontaires.
Publié par Gabrielle Lemestre