Il aura fallu attendre le mardi 27 août pour que le groupe Accor sorte de sa période de flottement occasionnée par la démission de Denis Hennequin au mois d'avril dernier. La nomination de Sébastien Bazin au poste de p.-d.g. du groupe Accor renforce le pouvoir des fonds d'investissement Eurazeo et Colony Capital au sein du groupe - à eux deux, ils possèdent 21 % des parts d'Accor et 30 % des droits de vote -, et va enfin leur permettre de concrétiser leur stratégie, et notamment l'accélération de la politique d'asset light, dont l'objectif est la redistribution aux actionnaires. Ils avaient tenté en vain d'imposer cette stratégie auprès des trois derniers présidents d'Accor. Pour n'avoir pas répondu assez vite à ces attentes, tous trois avaient dû céder leur poste : Jean Marc Espalioux en 2006, Gilles Pélisson en 2010 et Denis Hennequin en avril 2013.
Mieux s'imposer à l'international
On peut néanmoins se demander si cette décision - couplée à l'annonce du départ de Yann Caillère du groupe - est bien celle qui mettra fin au climat anxiogène qui plane sur le groupe depuis le début de l'été. D'importants dossiers attendent en effet le nouveau p.-d.g., comme la suppression de 172 postes au siège, l'attente d'explication de la part des franchisés - toujours fidèles à l'esprit familial du groupe et qui retardaient leurs investissements en attendant d'y voir plus clair - ou la demande d'éclaircissements de la part des partenaires du monde entier.
En revanche, il s'agit bien d'une victoire pour Colony Capital, qui place son directeur général à la tête du premier groupe hôtelier européen. En interne, on n'hésite pas à dire qu'une page de l'histoire du groupe est définitivement tournée, certains estimant que "le groupe a maintenant définitivement perdu une partie de son âme" pour mieux s'imposer dans le paysage hôtelier international.
La tâche ne sera pourtant pas aisée, car le paysage hôtelier mondial est en pleine effervescence. Alors que les groupes hôteliers Marriott ou IHG revendent leurs actifs à tour de bras, certains groupes sont mis en vente ou introduits en bourse avec le même objectif. Ainsi, en est-il du groupe Hilton, dont Blackstone a annoncé l'introduction en bourse pour le deuxième semestre 2014. Toutes ces opportunités n'ont certainement pas échappé au nouveau p.-d.g. d'Accor, spécialiste de l'immobilier, qui pourrait saisir de véritables opportunités dans une hôtellerie mondiale mouvementée. Avec la nomination de Sébastien Bazin, le groupe adopte à 100 % le modèle anglo-saxon, avec une vue sur l'international. Et à la différence de ses prédécesseurs, il ne freinera pas la politique du groupe, puisqu'il en est l'un des instigateurs.
Publié par X. S.