Réussite : Jordi Cruz, l'accomplissement d'un 3 étoiles annoncé
Barcelone
(Espagne)
Le chef catalan, vedette de l'édition espagnole de MasterChef, vient d'obtenir sa troisième étoile au restaurant de l'hôtel AbaC. Une récompense presque attendue pour ce surdoué de la cuisine, aussi exigeant que passionné.
Publié le 07 mars 2018 à 11:59
Jordi Cruz, chef reconnu et vedette des médias en Espagne
« Certains personnes ont du mal à croire que je suis tous les jours dans les cuisines de mon restaurant »
Avec son allure d'éternel
adolescent, Jordi Cruz aborde la quarantaine avec une image de
jeune talent qui lui colle à la peau depuis ses débuts dans le métier : "Cela
fait presque vingt ans que l'on me désigne ainsi", s'amuse le chef
espagnol, qui vient de recevoir sa troisième étoile Michelin pour son restaurant de l'hôtel ABaC, à Barcelone. Le signe
d'un parcours déjà riche.
Il faut dire que Jordi Cruz a été précoce :
apprenti dès 14 ans, il est devenu chef à 18 ans et a décroché sa
première étoile à 26 ans ! Cette précocité s'explique d'abord par le
principal trait de caractère de Jordi Cruz : la méticulosité. Une exigence
presque maladive, reconnaît-il : "Une partie de mon travail depuis mes
débuts dans ce métier a consisté à m'assouplir, être moins caractériel et plus
posé, mais sans perdre l'exigence de précision en cuisine."
Une bonne définition du professionnalisme,
en somme, qui s'est doublée d'une reconnaissance médiatique depuis que Jordi
Cruz officie dans l'édition ibérique de l'émission télévisée MasterChef. Il est
ainsi devenu une véritable vedette en Espagne, au point que certains s'étonnent
de le retrouver dans la salle du restaurant ABaC à la fin du service ; "Certaines
personnes ont du mal à croire que je suis au piano tous les jours",
confie-t-il, un peu vexé que l'on puisse mettre en doute son engagement de tous
les instants pour son métier.
Car la profession de cuisinier est l'accomplissement
d'un rêve pour Jordi Cruz ; sa soeur se souvient encore de ce jour où leur
mère, souffrante, avait dû garder le lit ; à peine âgé de sept ans, le
petit Jordi avait pris possession de la cuisine pour préparer à sa mère un plat
de poissons aux haricots. Le début d'une passion qui ne s'est jamais démentie.
"Une carte vivante"
C'est dans ces odeurs de cuisine familiale
et ces saveurs de recettes traditionnelles catalanes qu'il faut chercher les
racines du savoir-faire de Jordi Cruz, même si le chef est perçu comme l'un des
plus innovants parmi ses pairs. "Évidemment que la technique m'intéresse
beaucoup, explique-t-il, mais surtout parce que c'est un moyen d'être
précis ; la partie principale de notre travail, c'est de savoir d'abord ce
qu'il y a sur le marché, de choisir les produits au meilleur moment de
maturation." Un travail centré sur "l'essence du produit " dont
témoignent les Gnocchi Parmesan aux noix & champignons sautés ou le Magret
de canard rôti, citrouilles, épices et lavande.
Sur une carte avec deux menus
de douze plats à 85 et 105 €, dans une salle limitée à quatorze tables. Et avec
une brigade d'une cinquantaine de personnes, dont le second David
Andrés, qui vient d'être proclamé meilleur jeune cuisinier d'Espagne pour
la deuxième fois consécutive au classement des chefs européens de S. Pellegrino.
"Nous avons une carte vivante, aussi vivante que peut être la tradition ou
la nature, qui à chaque moment se renouvelle avec les produits de saison",
conclut Jordi Cruz. Le chef a accueilli sa troisième étoile avec fierté - "C'est
la reconnaissance du travail acharné de toute une équipe" -, mais
certainement pas comme un aboutissement : "Nous aimons relever les
défis, et on ne va pas s'arrêter là." Parole de jeune talent !