La question du ré-enchantement du travail se pose partout et depuis longtemps. Pour François Dupuy, sociologue, le management de ces trois dernières décennies a contribué à dégrader la fidélisation et l’engagement dans l’entreprise. “La mondialisation, avec des consommateurs qui veulent plus pour moins cher, a marqué le début du désengagement émotionnel des salariés. Car la variable d’ajustement pour faire face à cela a été l’organisation du travail : on est alors entré dans un mode de management coercitif, générant du contrôle et trop de process”, note-t-il. Selon lui, ceux ayant le mieux réussi à gérer la crise sanitaire ont pratiqué un encadrement de proximité et la désobéissance organisationnelle. “Cette crise a apporté de l’autonomie aux gens et il est difficile de revenir en arrière. Aujourd’hui, le management doit privilégier l’autonomie des salariés - qui s’exerce dans un cadre préalablement défini, leur responsabilisation, la confiance, la simplicité des organisations.” On peut par exemple externaliser certaines tâches ne générant pas de valeur, sans que cela coûte plus cher.
Camille Montagne, responsable formation, qualité et durabilité à l’Intercontinental Genève Crowne Plaza, voit “un changement dans les modes de recrutement : on regarde les compétences globales, le savoir-être, la personnalité. On voit aussi que les candidats sont en recherche de sens, et de plus de temps libre”. Les petits établissements, qui n’offrent pas les mêmes possibilités que les grands groupes, peuvent eux miser sur la marque employeur et se réunir pour mutualiser des services (comme la formation) à l’instar des groupements d’employeurs CHR ou des clubs d’hôteliers.
Publié par Laetitia Bonnet Mundschau