Qu'en est-il du fait maison, deux ans après ?

Le 13 juillet 2014 était publié au Journal Officiel le décret sur le fait maison. Qu'en-est-il plus de deux ans après ? Réponse avec Nicolas Nouchi, de CHD Expert.

Publié le 01 mars 2017 à 11:53

"Globalement, c'est plutôt une vision pessimiste qu'il faut avoir du décret sur le fait maison", explique Nicolas Nouchi, de CHD Expert. Plus de deux ans après sa publication au Journal Officiel - le 13 juillet 2014 - "le décret, qui avait pour but de délimiter clairement les métiers des restaurateurs, être une sorte de qualité et de référence, a plutôt créé de la division", selon l'expert. Cela s'explique, selon lui, par une définition du fait maison "qui est restée floue. De plus, le décret positionne celui qui n'est pas dans le respect intégral hors du décret alors même qu'il peut ne pas en être loin". Il y a en effet plein de nuances entre ceux qui ne respectent pas le décret. À noter également des incohérences dans ce décret. "Par exemple, s'agissant des fonds de sauce : on peut en utiliser des tout prêts, et pour autant on reste dans le fait maison. Donc on accepte des raccourcis pour des raisons d'hygiène et de lobby. Mais dans d'autres cas, on ne l'accepte pas. Ce n'est pas ce qu'attend le restaurateur".


L'Hôtellerie Restauration : pensez-vous que tous les restaurateurs soient en mesure d'appliquer le décret ?

Nicolas Nouchi : Il y a la volonté à travers ce décret d'identifier ceux qui produisent une restauration à partir de produits bruts et frais à 100 %, mais on ne donne pas les moyens aux petites restaurations de le faire. Compte tenu des charges notamment, il est compréhensible que certains prennent des raccourcis et ne parviennent pas à appliquer une restauration 100 % faite maison. Il y a une dimension de rationalisation du professionnel. Celui qui a fait le choix d'aller vers du frais quand le décret est sorti, est revenu, à un moment donné, à la réalité, en utilisant également des produits semi-finis. On peut légiférer, réglementer, mais il faut le faire avec un échantillon représentatif des restaurateurs. Ceux qui ont légiféré ne comprennent pas les velléités des professionnels du secteur.
 

L'Hôtellerie Restauration : Quels étaient les objectifs avec ce décret ?

L'objectif était de rassurer le consommateur, qui est inquiet dans un contexte de crise alimentaire, économique, avec une explosion de l'information. Le problème, c'est que le consommateur n'a pas lu le décret. Ensuite, on lui dit c'est fait maison, mais quand ça ne l'est pas, il va éviter ce lieu alors qu'en soi, il n'y a pas de raison. Il y a quelques restaurateurs qui ont décidé de mettre le logo devant certains plats et pas d'autres mais du coup les clients ne prennent pas les plats sans logo donc finalement le restaurateur l'enlève partout. D'un côté on voit l'enjeu, c'est quand même mieux de faire du fait maison. C'est d'ailleurs la volonté du restaurateur, qui souhaite faire, par principe, une meilleure qualité. Mais en même temps il y a le principe de réalité du professionnel.

 

L'Hôtellerie Restauration : Voyez-vous des éléments positifs depuis la mise en place de ce décret ?

Oui, il y a des éléments positifs grâce au décret. Comme une utilisation plus importante de produits frais. On constate une montée en gamme. Le restaurateur, même débordé, tente de communiquer, d'où plus d'informations, plus de contenus. Depuis trois ans on constate l'émergence de nouveaux restaurateurs, d'une nouvelle génération en cuisine, qui cuisine plus authentique, plus brut. Cette démarche a été boostée par le fait maison. Et ça génère des cartes de plus en plus courtes. Carte courtes et renouvelées car il y a une volonté de circuit court, de réduire les intermédiaires. Le décret a également beaucoup apporté à la restauration rapide et à la boulangerie.

Si les effets du fait maison sont plutôt négatifs, avec de moins en moins de communications dessus, des restaurateurs qui ont du mal à l'appliquer à 100 %, et peu de clients qui le comprennent, les impacts sont plutôt positifs avec une nouvelle génération de restaurateurs qui privilégie les cartes courtes, pour faciliter les circuits-courts.


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Publié par Romy CARRERE



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