L'Hôtellerie Restauration : En cette rentrée 2013, vous vous intéressez de près à l'internationalisation. Pour quelles raisons ?
Philippe François : Parce que nous vivons dans un monde qui évolue de plus en plus vite. Il faut être à l'écoute, en veille, vis-à-vis de ce qui se passe au-delà de nos frontières. Notamment dans les pays autrefois destinations touristiques et aujourd'hui en situation difficile. Que pouvons-nous faire pour que cela aille mieux en Tunisie, au Liban, en Syrie… ? Or, ces pays ont tous leur place dans notre stratégie du tourisme. Il faut expliquer, par exemple, aux jeunes tunisiens en écoles hôtelières, qu'ils vivent dans un pays touristique et qu'ils doivent s'impliquer pour que celui-ci reste une destination attractive. Il faut en parler, tous ensemble, et créer ainsi une solidarité professionnelle.
Cette solidarité professionnelle a-t-elle sa place également en France ?
Oui, bien sûr. Au milieu du siècle dernier, les hôtels se situaient en majorité près des gares. Puis, dans les années 1970, ils ont commencé à se développer en périphéries des zones urbaines. Résultat : aujourd'hui, les centres de nos villes se rénovent mais, parfois, les hôtels s'y font rares. Ce qui laisse le champ libre aux chambres d'hôtes qui, elles, se multiplient. D'aucuns parlent de concurrence déloyale. Et si l'on incitait à professionnaliser ces activités ? C'est cela aussi la solidarité professionnelle. Récemment, j'ai été sollicité pour donner des conseils quant à l'ouverture de cinq chambres d'hôtes dans un centre-ville. D'emblée, j'ai expliqué que pour cinq ou sept chambres, l'investissement était quasiment le même. Sauf qu'avec sept chambres, le quinquagénaire en reconversion professionnelle est devenu hôtelier, puis adhérent à l'Umih.
Toujours au chapitre de l'internationalisation, vous êtes désormais partenaire du Réseau normalisation et francophonie (RNF). Cela signifie-t-il que vous êtes pour des chambres d'hôtel qui se dupliqueraient d'un pays à l'autre ?
Non. Il ne faut pas standardiser. Une chambre d'hôtel ne doit pas être la même dans le Périgord, à Montréal et à Bali ! En revanche, je suis favorable à l'instauration de normes de compréhension internationale afin que chacun puisse avoir un discours lisible et accessible à l'international.
Vous êtes partisan de sensibiliser les jeunes en formation aux sujets d'actualité. Lesquels par exemple ?
Il faut leur expliquer le combat mené actuellement pour faire la différence entre restaurateur et réchauffeur. Quant aux thématiques liées à l'environnement et au développement durable, ils ne peuvent pas non plus les ignorer. Surtout à l'heure où tous les grands groupes hôteliers y sont sensibilisés.
Vous êtes donc pour une vocation plus politique des écoles ?
L'école ne doit pas être seulement au service de la profession. L'école a des recommandations à faire. L'école n'est pas qu'un fournisseur. Ajoutons à cela que l'on ne se forme pas qu'à l'école mais tout au long de sa carrière. La formation continue, c'est une suite logique à la formation initiale aux métiers de l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme.
Publié par Anne EVEILLARD