Femmes de chambres, concierges, réceptionnistes, voituriers, cuisiniers… Tous ces métiers de l'hôtellerie et de la restauration sont à risque en termes de pénibilité. Parce qu'ils nécessitent notamment des postures définies par le Code du travail comme des "positions forcées des articulations". Parce qu'ils peuvent exposer à des poussières, des fumées, du bruit, des températures extrêmes. Parce qu'enfin, ils peuvent être exercés la nuit ou encore en alternance par plusieurs équipes. La récente réforme sur les retraites prévoit ainsi un certain nombre de mesures qui visent à assurer "une meilleure traçabilité de l'exposition professionnelle à certains facteurs de pénibilité, permettre un départ à la retraite à 60 ans pour les salariés exposés à un ou plusieurs facteurs de pénibilité et "prévenir la pénibilité à travers un accord ou un plan d'action à mettre en oeuvre dans les entreprises".
Une nouvelle donne qui incite certains hôteliers et restaurateurs à solliciter des experts, des consultants, spécialisés dans la santé et la sécurité au travail, en vue de réduire l'exposition à la pénibilité, voire aménager les postes de travail les plus à risque. La direction d'un grand hôtel parisien a donc profité d'une vague de rénovations pour demander à Bureau Veritas, l'un des leaders mondiaux dans l'évaluation de la conformité et la certification, de plancher sur l'ergonomie au sein de son établissement. De quelle façon ? En émettant des préconisations quant aux plans architecturaux de l'hôtel. "Tables, portes, voies d'accès et de circulation, superficie des pièces, y compris des vestiaires du personnel, tout a été observé, étudié, analysé", explique Nicolas Fourneyron, manager métiers santé-sécurité au travail au sein de Bureau Veritas.
"Revoir l'organisation du travail"
"Nous avons accompagné au quotidien tous les métiers représentés dans cet hôtel, afin de pouvoir pointer les problématiques en termes de pénibilité et proposer des solutions." Beaucoup d'améliorations peuvent, en effet, être réalisées lors de la conception d'un établissement ou de sa rénovation. "Augmenter l'espace entre les robinets d'une baignoire encastrée, par exemple, afin d'en faciliter le nettoyage", cite Nicolas Fourneyron. Ou encore jouer sur la dimension d'un miroir, pour qu'il soit à la portée de la femme de chambre ; installer des poignées plus élevées pour simplifier le maniement d'une table de room service ; généraliser l'usage de lève-lits pour faciliter le renouvellement des draps…
Proposer des solutions, cela peut être aussi "revoir l'organisation du travail". Le consultant de Bureau Veritas se souvient d'une tournée de femmes de chambres qui virait au cauchemar dès qu'il fallait emprunter les escaliers de l'hôtel : "Nous avons suggéré aux équipes de nettoyage de ne plus travailler par aile du bâtiment, mais par niveau, afin d'éviter toute montée d'escalier. Les managers prennent conscience des conséquences que peut avoir la pénibilité sur la productivité", constate Nicolas Fourneyron. Résultat : le bien-être au travail devient un impératif pour de plus en plus de dirigeants, notamment de grands groupes hôteliers. "Et ce d'autant que la pénibilité est une occasion de mettre à plat d'autres problématiques liées au travail, à l'instar du stress par exemple."
Publié par Anne EVEILLARD
lundi 31 décembre 2012