C'est dans un petit village perdu au fin fond de l'Eure, à Ferrières-Haut-Clocher (27), que Patrick Subreville a installé son atelier. Car, à ses heures perdues, cet ingénieur en énergies renouvelables chez GDF-Suez est designer culinaire. Il conçoit et façonne l'outil qui permettra au cuisinier d'optimiser son temps durant un concours, le plat qui mettra en valeur le met présenté. Une passion qui l'a poussé à s'installer, il y a trois ans, comme auto-entrepreneur, et à créer sa propre marque, Subreville. L'idée prend forme. À 50 ans, ce Normand d'adoption a derrière lui un joli palmarès. Et une vie marquée par son amour pour la cuisine.
Pourtant, tout n'a pas commencé comme il le voulait : ses parents refusant de le voir apprenti cuisinier, il prend le chemin de l'enseignement professionnel et devient métallier. C'est son titre de Meilleur ouvrier de France, obtenu en 2000, qui, indirectement, le ramènera derrière les fourneaux. "En 2007, j'ai été sollicité par une équipe du Sénat pour les aider à préparer les Bocuses d'or." Pendant neuf mois, Patrick Subreville les accompagne et crée des plats selon leurs besoins. Avec comme récompense, au bout de tant de travail, un Bocuse d'or. "Cela m'a fait reprendre goût à la cuisine." Il n'en fallait pas plus pour le pousser à passer un CAP de cuisine.
Savoir-faire de métallier formiste
Ses nombreuses expériences l'amènent à se créer un métier sur mesure. "Je suis chef designer formiste culinaire", lance-t-il d'un trait. Je me suis mis des deux côtés des fourneaux, en façonnant le contenant et en cuisinant le contenu." Bien au fait des problèmes que rencontrent les chefs, puisqu'il les rencontre lui-même, il utilise son savoir-faire de métallier formiste pour les résoudre. Trouver le petit truc qui fera gagner du temps sur le façonnage d'un plat, la cuisson d'une volaille.
Au coeur de son atelier, il travaille tous les métaux. Du cuivre, à l'argent en passant par l'inox et le bois. "Je ne me donne aucune limite", prévient celui qui exerce de temps à autre son talent de designer pour les cuisines du Meurice ou du Ritz. Le plat idéal selon lui : concepteur d'accessoires de cuisine. "Celui qui permet la mise en valeur du produit sans le dénaturer, lui permettant de garder tout son suc et sa saveur. Il est ce premier maillon d'une chaîne, le regard, qui mène le gourmet jusqu'au plaisir gustatif."
Publié par Gabrielle Lemestre