Martine Pinville : Je connaissais déjà la dynamique de la Fête de la gastronomie sur les territoires. Mais préparer cette 5ème édition a encore renforcé mon sentiment quant à la richesse et la valeur des acteurs de la gastronomie. Cette fête a été conçue autour de la convivialité, du partage, et je suis, en ce sens, très attachée à la mobilisation accrue des acteurs de l'économie sociale et solidaire cette année.
Anne-Sophie Pic est la marraine de l'édition 2015 de la Fête. C'est la seule femme chef en France triplement étoilée. Quel regard portez-vous sur cet univers de la haute gastronomie, par ailleurs très médiatisé ?
La haute gastronomie porte les valeurs et l'excellence de la cuisine française. Elle est très importante pour le rayonnement de la France car elle illustre le luxe, le raffinement de notre cuisine, ou encore l'excellence du service. Les chefs, qui l'incarnent et la font vivre, sont nos meilleurs ambassadeurs pour porter haut ses couleurs. Ces métiers demandent un engagement, une exigence et une foi permanentes. Anne-Sophie Pic en est la parfaite illustration. Notre marraine 2015 contribue, par une cuisine unique, poétique, créative et audacieuse, à transmettre les valeurs d'excellence et de passion.
La Fête de la gastronomie a notamment pour ambition de créer une « véritable offre touristique gastronomique pour le pays. » Dans quelle mesure ?
Pour la première fois, avec la Fête, sur l'ensemble du territoire une offre de 3 jours est consacrée à la gastronomie. La Fête permet de fédérer tous les professionnels du tourisme, institutionnels, associatifs et privés, en synergie avec les acteurs de la gastronomie. Elle permet la valorisation de notre patrimoine touristique en servant, par exemple, de support au développement d'offres combinées avec des nuitées, de la restauration et des sorties culturelles et ceci en prolongement de la saison estivale.
Vous avez rencontré depuis la rentrée les organisations professionnelles de notre secteur. Le cahier des charges de l'artisan cuisinier, qui est en cours d'élaboration, va-t-il aboutir rapidement ? Et qu'en attendez-vous ?
Alors que les professionnels cuisiniers se reconnaissent dans le terme « artisan », synonyme pour les Français de savoir-faire traditionnel et de transmission de celui-ci, juridiquement ils n'avaient pas le droit d'utiliser le terme « artisan ». La loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, portée par Emmanuel Macron, a enfin ouvert la possibilité pour les restaurateurs d'avoir ce statut d'artisan. Nous sommes désormais dans une phase de travail technique pour concrétiser son application. Avec ce titre, la profession de cuisinier pourra enfin être valorisée comme elle le mérite.
Vous avez rappelé l'importance de la gastronomie dans l'économie touristique. Selon la DGE, en 2013, la gastronomie représentait 13,5% des dépenses des touristes étrangers. Comment voyez-vous évoluer ce chiffre ?
L'inscription au patrimoine immatériel de l'Humanité par l'Unesco en 2010 du repas gastronomique des français a encore accentué le rayonnement de la gastronomie française. Nous nous devons d'avoir une gastronomie exemplaire. Le gouvernement s'est fortement mobilisé en ce sens avec la mise en place du « fait – maison », le titre de Maître restaurateur et le titre d'artisan-cuisinier. Car c'est en garantissant la qualité de la cuisine française que nous contribuerons à l'accroissement de la place de la gastronomie dans notre économie touristique.
Publié par Propos recueillis par Sylvie Soubes