Les restaurants ouvriers sont-ils victimes d'acharnement ?

Finistère L'application depuis 2015, par l'Urssaf, d'un décret datant de 2003, vide les restaurants ouvriers. La révolte gronde en Bretagne, une région attachée à ce type de restauration et où l'administration se montrerait particulièrement tatillonne.

Publié le 11 juillet 2018 à 16:22
"Pourquoi les restaurants ouvriers sont-ils si nombreux en Bretagne ? Peut-être parce que nous sommes une région frondeuse et expérimentale", tentait Catherine Galichet, co-gérante avec son compagnon de l'hôtel-restaurant Saint Melaine à Morlaix (Finistère). Ce petit établissement de 9 chambres et 70 places au restaurant accuse une baisse de 30 % de la fréquentation de sa table depuis que l'Urssaf redresse avec sévérité sa clientèle ouvrière. Une équipe de France Télévisions est même venue sur place se rendre compte du désastre. "Le décret en cause interdit aux entreprises d'offrir le repas (exonéré de charges) à ses employés si le siège de la société est à moins de 5 km du restaurant. Je simplifie car, en réalité, c'est bien plus complexe. Certes le texte existait depuis 2003, mais pourquoi l'appliquer aussi durement depuis 2015 ?", s'interroge la restauratrice qui participa, du début de la fronde, avec 25 autres personnes, à une réunion organisée à l'initiative du sénateur Jean-Luc Fichet. Un élu sensibilisé au problème par une restauratrice de la commune de Lanmeur qui souhaite rester discrète par crainte des contrôles de l'administration, mais confirme le problème. 

Le retour de la gamelle et des restaurants vides

"Ce fut d'abord l'entreprise locale de bâtiment Le Normand qui fit les frais d'un gros redressement de la part de l'Urssaf car ses salariés fréquentaient, tous les jours, mon restaurant qui se trouve à moins de 5 km de leur siège. Évidemment lorsque des travailleurs sont sur un chantier et que l'entreprise ne dispose pas de cuisine, il est du simple bon sens de se restaurer à côté. Du jour au lendemain, ils sont allés manger chez des confrères éloignés ou ont simplement repris leur 'gamelle'. J'ai saisi le sénateur-maire de ma commune qui a fait une lettre ouverte au Sénat. Jean-Luc Fichet a provoqué une réunion en présence des deux patrons de l'Urssaf de la région et de restaurateurs. Le texte est tellement complexe que les fonctionnaires n'étaient pas en mesure de l'expliquer. Son application, à la bonne grâce de l'inspecteur, est ressentie par la profession comme une sanction 'à la tête du client'. Suite à cette réunion, la pression sur notre clientèle ouvrière a baissé quelques mois pour reprendre de plus belle. Il faut dire que notre sénateur a quitté ses fonctions entre-temps", ne décolère pas la restauratrice de Lanmeur. Elle concède pourtant s'en sortir après une période difficile, d'abord en raison de la réputation de son établissement, mais aussi d'un système de vase communicant : "Les ouvriers de la commune font désormais des kilomètres pour aller déjeuner 'à l'extérieur' alors que les entreprises éloignées font le chemin inverse pour venir chez nous. Mais les confrères qui travaillent dans des communes isolées en campagne n'ont pas de bassin de remplacement !"

 
Du côté de Morlaix, Catherine Galichet s'indigne du traitement appliqué à ses clients ouvriers partagés entre devoir faire faire 30 km pour se restaurer convenablement ou manger un sandwich dans leur camionnette. La restauratrice se réjouit, en tout cas, du retour de Jean-Luc Frichet au Palais du Luxembourg, le 25 septembre dernier, en remplacement de François Marc, démissionnaire de son mandat : "Je l'ai rencontré vendredi 1er juin avec ma collègue de la Potinière afin de relancer ce problème, resté au point mort. Notre sénateur envisage à la fois de reprendre contact avec l'Urssaf de Quimper et même de poser une question au gouvernement sur ce thème ! "

#CatherineGalichet# #FrançoisMarc# #Jean-LucFrichet# #Urssaf #Quimper# #Morlaix# #HôtelSaintMelaine# #Finistère# sénat #RestaurantsOuvriers# #Gamelle# sandwich #Salariés# #FranceTélévisions#

Photo

Publié par Francois PONT



Commentaires
Photo
Jean-Pierre DAGNEAUX

jeudi 21 juin 2018

On pourrait également objecter que cette campagne de redressements a pour effet d'augmenter inutilement le risque routier professionnel (directement proportionnel au nombre de km parcourus) contre lequel lutte par ailleurs prioritairement... la Cram !
Photo
JEAN MARC GARRET

jeudi 21 juin 2018

et quel bilan carbone !

Signaler un contenu illicite

Photo

En cliquant sur publier vous acceptez les [conditions générales d'utilisation]

Voir notre Politique des données personnelles




Vidéos-Podcasts


Newsletter

Ne Ratez plus l'actualité , abonnez-vous à la newsletter quotidienne !


Dernières offres d'emploi

Chef de réception H/F

68 - KAYSERSBERG VIGNOBLE

Nous recherchons notre Chef de Réception H/F pour notre hôtel SPA Relais & Châteaux 5 étoiles : Votre mission ? Contribuer à l'excellence de la qualité du service pour nos clients en assurant un accueil personnalisé, une gestion efficace de la réception et en travaillant en étroite collaboration

Posté le 23 février 2025

Serveur H/F

75 - PARIS 15

Après 2 mois de fermeture pour rénovation totale de l'établissement, La Petite Rotonde Paris XV recrute pour compléter son équipe. Serveuse-serveur et responsable de salle. Ouverture prévue le 03 Mars.

Posté le 23 février 2025

Chef de partie H/F

43 - SAINT-BONNET-LE-FROID

Description de l'entreprise La créativité dans nos Maisons est rythmée par la richesse de notre terroir et de la nature environnante. Au cœur de notre montagne et grâce à toutes nos équipes, nous offrons une expérience complète et diversifiée alliant gourmandise et bien-être pour vivre un instant d'

Posté le 23 février 2025