À Barbès, l'ouverture d'un café et d'un cinéma suffiront-ils à éradiquer les marchés de la misère et les vendeurs de cigarettes à la sauvette qui occupent le terrain au grand dam des riverains ? Il se pourrait bien que oui. En témoignent l'activisme et l'enthousiasme des associations de quartier et de la mairie du XVIIIe. Car, si pour le cinéma le Louxor l'affaire est en marche : "L'écran a été livré hier, l'établissement ouvrira au printemps", s'enchante Jeanne Caussé de l'association Action Barbès, l'ouverture de lieux de convivialité apparaissait comme un complément indispensable à la renaissance de ce carrefour difficile. "Il y aura bien un café dans le Louxor avec 30 places en terrasse et 30 à l'intérieur, pas de quoi faire face à un afflux de spectateurs lors d'une sortie de projection de film, alors nous nous sommes mobilisés auprès de la mairie d'arrondissement pour imposer l'idée d'implantation d'une brasserie en place du magasin Vano", explique Lise Thély-Muller, la dynamique secrétaire d'Action Barbès.
Retour aux sources
"Il fallait améliorer l'image du quartier. Nous nous sommes investis dans ce projet, pour accélérer par exemple l'obtention du permis de construire auprès du porteur de projet", explique Afaf Gabelotaud, adjointe au maire, chargée du commerce de l'artisanat et du développement économique qui confirme la signature d'un bail entre le propriétaire, Pierre Moussié et Jean Vedreine (qui exploitent déjà le Sans Souci ainsi que le Mansart à Paris) pour l'exploitation d'une brasserie à l'angle des boulevards Barbès et de la Chapelle, en place de l'ex-Vano. Il ne s'agira en tout cas que d'un juste retour aux sources comme le confirme Nicole Jacques-Lefèvre, professeur émérite de littérature du XVIIIe siècle à l'université Paris X Nanterre qui a réalisé un passionnant travail de mémoire sur le carrefour Barbès et les cafés qui l'animaient cent ans en arrière.
Ainsi, le magasin Vano redeviendra ce qu'il fut dans le passé : une brasserie, successivement Charles dans les années 1920 puis Rousseau jusque dans les années 1950. Sur le site internet de l'association des Amis du Louxor, l'enseignante évoque aussi, avec forces illustrations, le souvenir du limonadier Crouzet Pierre, de la brasserie Dupont-Barbès, du grand restaurant Reneaux et même le bistrot du père Colombe décrit par Emile Zola dans l'Assommoir que l'auteur situa dans le périmètre. C'est dire si les nouveaux propriétaires pourraient dès l'hiver 2013, après dix-huit mois de travaux, rafraîchir autant les mémoires que les gosiers.
Publié par Francois PONT