Entre ses murs années 1930, le Juana, hôtel de caractère au Cap d'Antibes, a fait de son restaurant un atout charme de choix, entre piscine extérieure, décor hors du temps et proximité avec la plage. Au sein de ce cadre balnéaire privilégié, Marianne et Antoine Estène-Chauvin ont décidé de mener avec les architectes Samantha Messens et Arnaud Larguier, un chantier d’envergure sous le signe de l’upcycling (créer du neuf avec de l'ancien, sans transformer la matière première), du renouveau et du développement durable.
L’Hôtellerie Restauration : Pourquoi avoir fait le choix d’un chantier tourné vers l’éco-rénovation ?
Antoine Estène-Chauvin : C’est la conjonction de plusieurs choses. Lorsque j’ai rencontré Samantha Messens et Arnaud Larguier, leur confier ce chantier m’a semblé être une bonne chose afin de rafraîchir les lieux avec des idées nouvelles, de nouveaux usages et de nouvelles technologies. Nous avions envie de faire des choses qui sortent du cadre attribué aux hôtels de luxe, et de penser durabilité. Après les confinements, l’enjeu était de redynamiser les lieux et de sortir des sentiers battus en préservant l’existant au mieux, au cœur de cet établissement historique.
Comment le chantier de rénovation du restaurant s’est-il déroulé, en pratique ?
C’était un atelier à ciel ouvert ! Nous avons décidé de récupérer un maximum d’éléments et de mobilier ancien afin de le rénover avec un regard de chineur - de nombreux tissus ont d’ailleurs été chinés - : les meubles trop carrés et démodés ont changé de formes ou ont été retapissés, nous avons fait appel à des artisans locaux, à des matériaux innovants et recyclés et sur mesure, afin de créer un univers tout à fait singulier. Le peintre Gaspard Nibelle, à l’instar des artistes de la Renaissance, s’est installé pendant trois mois afin de recouvrir le plafond d’une fresque ornementale unique réalisée en peinture écologique.
Plus d’une année après la fin de ce chantier, quelle valeur ajoutée pour le restaurant Paseo ?
Le retour de nos clients est très positif. Grâce à cet univers éclectique créé entre conscience écologique et modernité, nous avons cassé les codes de “l’esprit grandes maisons patrimoniales” pour le Paseo, et ce, en ne repartant pas de zéro en cassant tout. Ce lieu fait de bric et de broc, suivant la tendance de l’hôtellerie actuelle plaît à toutes les catégories de personnes.
Un tel chantier de rénovation est-il moins onéreux ?
Je pense qu’au sortir de la crise sanitaire, nous y avons gagné financièrement. Nous avions tous l’excitation de repartir de l’avant mais nous avons dû la conjuguer au bon sens. Cela dit, même en rénovant par petites touches au fur et à mesure, le budget grimpe rapidement, mais aujourd’hui, on ne casse plus pour casser. La récupération et la seconde vie des objets ou tissus restent avantageuses. Si faire appel à l’artisanat local semble plus coûteux, sur le long terme, la durabilité et l’entretien restent très intéressants.
Publié par Julie GARNIER