"La vaccination a été tant attendue dans la filière. C’est une crise qui a fait beaucoup de dégâts, qui a failli faire perdre complètement la filière. Aujourd’hui, et depuis le 2 octobre, l’ensemble des canards est vacciné. C’est un grand soulagement", déclarait Éric Dumas, producteur, éleveur et engraisseur avant tout, également président du Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras).
Le Gers et les Landes sont des départements du Sud-Ouest, réputés pour leur production de foie gras, un symbole de la gastronomie française. Après trois ans de crise due à l'influenza aviaire (grippe aviaire), les professionnels voient enfin le virus reculer grâce à la vaccination, combinée à des mesures de biosécurité. La campagne de prophylaxie, débutée le 2 octobre, a réduit le nombre de foyers de 402 à 10 entre novembre et mars. Les premiers foies gras mi-cuits sont réapparus en magasins à la fin de 2023, et la reprise se poursuit en 2024, avec un risque d'influenza aviaire devenu négligeable en France depuis le 6 mai.
Modernisation et savoir-faire familial
Les fermes de Rémy Saint-Germain (40), l'EARL Maouhum (40), le Puntoun (32) et La Patte d’Oie (32) reflètent l'innovation et la diversité de l'élevage de canards dans le Sud-Ouest de la France. À Renung, Rémy Saint-Germain, 28 ans, dirige une ferme familiale réorganisée pour diversifier ses activités, élevant 7 300 canards par an avec accès extérieur et produisant sous l'IGP. La ferme cultive également 150 hectares de céréales pour l'engraissement. L'EARL Maouhum, sous la gestion d'Hervé et Emmanuel Dupouy, perpétue un savoir-faire familial depuis trois générations. Cette ferme produit 29 000 canards par an pour la coopérative Lur Berri sur 150 hectares, avec des parcours extérieurs arborés et des installations modernes incluant des panneaux photovoltaïques. La ferme du Puntoun, fondée en 1983 par la famille Lamothe, combine tradition et innovation dans la production de foies gras. Récemment acquise par la société Feyel Artzner, elle continue de se moderniser et de développer des techniques durables, malgré les défis de la Covid-19 et de la grippe aviaire. La Patte d’Oie de la famille Pérès, employant 18 personnes, élève 40 000 canards par an sur 20 hectares de parcs agroforestiers, avec une auto-suffisance grâce à ses 120 hectares de cultures. L'exploitation inclut une unité de méthanisation pour une production énergétique durable, et ses produits sont vendus en circuits courts, renforçant ainsi l'économie locale.
Publié par Célia RIGON